Comment faire revivre les villages cévenols, y attirer du monde, jeune si possible ? Comment faire naître le goût pour l’art vivant chez des personnes qui n’ont certainement jamais connu l’envie d’entrer dans un musée d’art contemporain ? L’association Regard s’y applique en créant sa toute première exposition qui ouvre la série des Rendez-vous de Cardet.

Dans une bâtisse du XVIIe siècle appelée Le Village, les œuvres de six régionaux et six Parisiens prennent place sous le porche, à l’atelier, dans le jardin, à l’orangerie ou la Folie. De la région, bien sûr, Claude Viallat et Daniel Dezeuze. Ils poursuivent leurs recherches plastiques les rattachant encore au mouvement Supports/Surfaces, empreintes de la célèbre palette pour l’un, travail de la couleur sur des treillages, pour le second ; Alain Clément investit le jardin de ses sculptures colorées et Marcel Robelin emplit l’orangerie de Cellules grises. Michael Farrel, peintre irlandais haut en couleurs, fut adopté, lui et ses peintures, par Cardet ; quant aux œuvres d’André-Pierre Arnal, elles s’harmonisent parfaitement avec celles des créateurs de la capitale avec qui il partage la grande pièce à l’étage.

La liste des artistes parisiens réserve d’aussi bonnes surprises, Polska et ses fragiles sculptures-cocons, sculptures-amphores, ou les travaux sur et de papier de Jean-Louis Espilit s’enrichissent en effet du voisinage des découpes et déchirures d’Arnal. Quant à Bernard Cousinier, la mezzanine lui réserve un espace aussi clairement délimité que ces reliefs. Dans l’atelier, le peintre Joël Brisse (qui vient de participer au Jardin des Délices) joue sur une mince frontière entre figuration et abstraction, Tony Soulier balance entre photographie et peinture, et Xavier Dambrine fait osciller ses bronzes vers un semblant de tradition.

La déambulation dans ce lieu exceptionnel donne aux œuvres une dimension particulière : les vieux murs, le jardin verdoyant, le fait même que « Le Village » soit un endroit de vie -se limitant jusqu’à présent à une maison d’hôtes mais devenant un lieu d’accueil pour artistes, de rencontres musicales (avec des concerts le 24 juillet et le 31 août 2000), ainsi que de stages musicaux et plastiques. Quelle passion doit animer Marc et Thérèse Rambaud pour construire un si beau projet ! Longue vie à lui !