Windsor For The Derby livre ici un délicat quatrième album, aussi automnal que celui de L’Altra était printanier. Qu’à cela ne tienne, nous traverserons également l’Amérique avec eux. Il y sera question de ballades à dos de mule, de guitares indonésiennes, de mythologies, de l’automne 1968 et de secours émotionnel. Un secours émotionnel emprunté aussi bien aux Rolling Stones qu’aux Supreme Dicks, même si ce dernier groupe caractérise plus les atmosphères tomenteuses du quatuor texan que le gang de Jagger.

Peut-être trop attendu, cet album, s’il possède une tonalité homogène n’en demeure pas moins trop gris et brumeux dans sa progression, les notes de The Same se répercutant plus que d’évidence au gré de ces neuf compositions. Windsor For The Derby répète donc à l’envi une formule déjà éprouvée sur les albums précédents, manquant de lyrisme et d’imagination, la contemplation de ses souliers et de ses petits tracas constituant malheureusement une facilité musicale à la platitude ennuyeuse. On se demande effectivement où est l’issue de ce secours émotionnel, si ce n’est dans la répétition de ses thèmes. La machine s’emballe quelque peu sur le titre éponyme, qui ressemble à Smog, lorsque Bill Callahan ouvre un peu les fenêtres. Cela étant, Windsor aurait aussi besoin de stores, pour se protéger de l’auto-contemplation. On sent en effet le groupe beaucoup trop réjoui et fier de lui sur ces chansons, contrairement au deuxième album nettement plus aventureux de L’Altra, son confrère de l’excellent label Aesthetics. A écouter donc entre la poire et le fromage. Ou bien plutôt entre la figue et le raisin.