Sur la scène joliment affublée du qualificatif de néo-métal ou hopcore (anciennement appelée fusion !), le combo parisien Watcha est sans conteste le plus performant et celui qui, avec Pleymo (également de l’écurie qui monte : Wet), fait l’unanimité de tous les skaters sautillants des concerts. Et pour l’anecdote -ou pour situer-, il est le seul représentant de l’Hexagone avec Shovel à figurer sur la compilation Xtreme games (Roadrunner/Sony) regroupant notamment Korn, les Deftones, et Marilyn Manson.

Véritable déluge, dynamique et transcendant, Watcha s’est forgé (normal pour du métal !) un univers puissant dans lequel s’entrelacent sans se corrompre de multiples figures mélodiques. Le tout lacéré par des briques de son aux riffs tranchants. Car la réputation des Watcha n’est pas uniquement circonscrite à leur science scénique, ou au charisme de leur chanteur-entertainer Butcho, impressionnant avec son chant, à la fois rappeur, crooner ou hurleur qui sait donner du sens au spectacle. Elle est également bâtie sur deux albums littéralement tuants, bruts et nerveux, dont le dernier en date, tout chaud dans les bacs, Veliki Cirkus, mis en son par Stephen Kraemer (Enhancer) risque, aux dires des initiés, de faire passer Korn pour les Rubettes. Alors, certes, ce n’est pas sans appréhension que l’on place dans la platine Veliki Cirkus… Mais on en sort vivant et bousculé.

Veliki Cirkus, au-delà de l’agression qu’il faut savoir dépasser, réserve bien des surprises et, au premier chef, des textes hilarants ou engagés juste ce qu’il faut… Mais il y a surtout, dans cette furia ou ce grand cirque (traduction du yougoslave du titre de l’album), assez de groove à la FFF, de boucles jungle et un sens de la régénération pour retenir les plus délicats ; et qui place le quintette au-dessus du lot des bruyants nuisibles. Bref, Watcha, c’est de la bombe comme dirait l’autre. Mais pas un pétard mouillé ou un cocktail Molotov artisanal. Non, c’est de la science et de l’élaboration qui côtoient l’explosif incendiaire et la fragmentation. Le son est dur, les morceaux savamment travaillés, et l’esprit cool fun domine toujours. On rétorquera que tous les groupes qui « n’en veulent » présentent toutes ces qualités, seulement voilà : Watcha maltraite ou cajole avec style et ambition. On le prend dans la poire mais également dans les tripes. Véritable machine (à sons) Veliki Cirkus se distingue par une capacité d’invention et une force de frappe revigorante.