Nouvel album du facétieux Luke Vibert sous le pseudo de Wagon Christ (qu’il utilisait sur Rising High). Un disque très réussi d’electronica aérienne, dont l’humour est la clé. On sent derrière ces enregistrements des milliers d’heures de travail passées à assembler les sons et les samples. Ou peut-être juste un week-end. En tous cas, ce disque est certainement le plus abouti de ce pilier de la scène électronique anglaise, au même titre que Aphex Twin ou les gens de chez Rephlex. Tour à tour funky, onirique, hip hop, cinématographique (on pense parfois à Spacer), Luke Vibert s’amuse, se fait plaisir et fait le nôtre en même temps. Easy listening, early techno, electro, drum & bass, musique contemporaine, dub, tout passe à la moulinette Wagon Christ. Les clins d’oeil s’accumulent et on assiste, complices consentants, aux rapts de M. Vibert. Seul danger : celui de l’inconsistance. Mais elle se fait peu sentir ici, notamment grâce à la richesse des morceaux, beaucoup plus subtils qu’ils ne paraissent au premier abord. Les pianos s’envolent, les ombres défilent, tout peut arriver. Plus complexe que tous ses précédents disques, ce Tally Ho! est le point d’orgue de sa discographie. Entre douceur et charme, sourire au coin des lèvres, rythmiques légères ou appuyées, ne tiendrait-on pas là la vraie musique de cocktail ?