Alan Vega n’en finit décidément pas de s’acheter une nouvelle jeunesse. Sortant des singles à tout va avec d’obscurs groupes de jeunots, puis il y a quelques mois un maxi avec Vainio et Vaisanen (alias Pan Sonic, nouvelle dénomination pour Panasonic, suite au procès intenté par des Nippons bien susceptibles ; mais de toute manière, leurs fans continueront à les appeler Panasonic), il remet ça avec les deux compères, mais sur la longue durée.

Au premier abord, l’association du New yorkais destroy revenu d’à peu près tout et des Finlandais découpeurs de banquise sonore pouvait paraître bizarre. Il faut pour cela prendre en considération le fait que Vainio et Vaisanen se sont toujours exprimés dans l’instrumental. L’absence de voix a même été élevée chez eux au rang de règle, tant leur son -ces sonorités froides et robotiques d’une grande violence intériorisée- formait un tout. Mais voila, sans doute sous le charme de Papy La Déglingue, nos nordiques préférés ont cédé.

Et le résultat est mitigé. Bien sûr, Vega est toujours en forme dès lors qu’il s’agit d’éructer et de couiner, Pan Sonic reste brillamment maître de l’environnement sonore, mais la fusion ne se fait pas tout à fait. Les deux premiers titres, Medal et surtout Incredible criminels, sont impeccables. Mariage réussi sur ce coup-là, le glacis finlandais s’accordant bien des prédications urbaines. Mais sur Motor maniac, par exemple, puis sur No home kings, l’ensemble perd de sa cohésion, la pression sonore des scandinaves s’évaporant au contact des éclats de voix de Vega. Ce qui forme ce bloc sonore ultra-compacte chez Pan Sonic s’en trouve comme dilué. On se prend alors à émettre une hypothèse : et si la voix de Vega était en trop sur ce disque ? Car dès qu’elle n’est plus présente, ou se fait plus discrète, moins tonitruante, comme sur Endless, la magie opère à nouveau. La seconde partie de la collaboration confirme cette idée, même si il y a de belles réussites : Desperate fa tha miracle, aux réminiscences très Suicide, Baby lips, twist technoïde terré au fond d’une grotte, ou Disgrace, où le silence orchestré par Vianio et Vaisanen s’impose au timbre de Vega.

Endless est un bon album, traversé par quelques fulgurances, mais il donne surtout envie de réentendre Pan Sonic seul à la barre. C’est normalement prévu pour cet automne.