Toute la question est là : pourquoi la salade electro de 1982-83 est-elle toujours fraîche ? Pourquoi ce son est-il toujours freezing ? Assurée par les Micronauts (house et electro frenchy), la sélection de cette compilation permet de retrouver quelques classiques introuvables (ou pas) de Celluloid, label fondé en 1980 à New York par Jean Karakos (responsable aussi de la célèbre série free jazz Actuel/Byg). On y croise donc Grandmixer D.S.T. (responsable des scratchs du Rock it de Herbie Hancock !), Afrika Bambataa, Bernard Fowler (aujourd’hui avec les Rolling Stones !), Futura 2000 (qui réalisa neuf pochettes pour Celluloid dont James Lavelle, en bon fan, devait ensuite s’inspirer pour les visuels de Mo’ Wax) avec les Clash ! Jalal des Last Poets ici dans son célèbre morceau Mean machine samplé sur Pump up the jam, fab Five Freddy, etc. Du moog, du synthé cheap, des samples de Mike Oldfield, du vocoder qui abreuve tous ces sillons impurs à volonté, du chant en français avec un délicieux accent qui rappelle celui utilisé par Kraftwerk (évidemment), beaucoup de funk 80’s, Bill Laswell (partout, comme d’habitude), Nicky Skopelitis à la guitare, du scratch pas encore virtuose mais puissant et bien placé, du hip hop mais alors du vrai quoi ! Des cuivres réverbérés, des sons qu’on croirait venir de Detroit (mais non, ce n’est pas Carl Craig), des boîtes à rythmes antédiluviennes, des paroles elles-mêmes assez fresssh : « Everybody’s dancin’ / and we’re having a real good time / We have this party feelin’ fine » (Konk), des rythmiques plutôt lentes, électroniques, et encore du funk… Le tout est très daté. Et reste frais. C’est un mystère, un beau mystère. Un disque jouissif qui prête à sourire (béatement) et incite à la danse (égyptienne). Une compilation indispensable pour les fans d’electro, une excellente introduction à cette musique (et à cette période) pour les autres.