Le marché du disque vit depuis quelques années déjà dans une surproduction musicale asphyxiante. Pour assurer à son acheteur une totale satisfaction, le label Ubiquity se la joue plan marketing et assure le remboursement total de ses disques (le bon vieux concept du « Satisfait ou remboursé ») au consommateur mécontent. Initiative originale pour ce petit label tout juste arrivé sur la scène grouillante de l’electro-jazz. Avec The New Latinaires, le label fait le point sur l’entrelacs flou entre les musiques afro-brésiliennes et la culture club occidentale des DJ présents (Paris, New York, Londres, Berlin, Madrid).

Les neuf titres s’enchaînent dans un mix convaincant bien qu’uniforme. Ici, pas de césures brusques comme dans les récents opus de Future sound of Jazz pour dérouter un auditeur en quête de facilité. New Latinaires a, bien au contraire, choisi la carte de l’évidence, séduisant simplement par le mélange désormais classique de samba, de batucada, de rythmiques afro-cubaines et de beat lourd appelant au dancefloor. Pas de downtempo donc, mais une furieuse tendance à mettre bout à bout des rythmiques uptempo entraînantes. Le casting pour effectuer cet exercice festif est à chercher tout autant vers l’école allemande (Compost et Kitty-Yo en tête) que vers des DJ américains, comme Maurice Fulton, touche-à-tout de génie proche de l’école Warp et de Jimi Ténor, qui signe avec lui le morceau de clôture de la compilation, Tania’s dancing alone, perle électronique de traviole. Malheureusement, quelques fautes de goût flagrantes viennent entacher l’harmonie compilatoire : l’ouverture par Snowboy aux vocaux pseudo-authentiques à la Salif Keïta et le bien nommé Jazzlatinlectrofuzion, proche de la bouillie eighties de Weather Report, nivellent par le bas la qualité de l’album. Un disque qui assume avec humilité son statut de simple témoignage electro-cubain. Ni plus, ni moins.