Finlandia Records produit et défend ses artistes nationaux sur la scène mondiale depuis 1979. Sibelius bien sûr, mais aussi de jeunes compositeurs et interprètes de tout premier plan, tels M. Lindberg, E. P. Salonen, ou J.P Saraste. Comment un pays de quelques millions d’âmes peut il produire autant d’artistes d’un tel niveau ? Pourquoi la musique contemporaine prend elle autant d’importance dans la vie culturelle finlandaise ?
Ce label sort aujourd’hui de ses frontières en nous proposant de découvrir quelques aspects de la musique estonienne. Là encore, la qualité, le nombre, et la diversité des œuvres nous séduisent. Bien sûr, il y a quelques banalités chez les enfants de Heino Eller, figure tutélaire de cette nation musicale. Mais, les influences multiples, l’absence de préjugés, de dogmes, sont convaincantes à plus d’un titre. Passons en revue.
Vedette incontestée, Arvo Pärt agace ou fascine. Depuis qu’il est passé à l’Ouest, toute une génération puise dans ses inspirations « mystico-moyenâgeuses » un bien être new age. Réelle inspiration chrétienne ? En tout état de fait, Partita pour piano, première pièce à son catalogue, vous étonnera. Combinaison de style répétitif, dodécaphonique et de Bach, cette œuvre mérite l’écoute, d’autant qu’elle est servie par le jeu précis de Lauri Vaïnmaa.

Urmas Sisask se réclame de ce mysticisme cher à Pärt. Il présente ici Gloria patri, oeuvre simple, efficace. Creuse ? Ainsi, Piece of the year 1981 de Lepo Sumera, d’inspiration modale, est une pièce souple. Inoffensive ?
On peut carrément zapper Bridge of song de Veljo Tormis, divertissement peu coûteux. Enfin, il faut se réjouir de la place importante faite à Erkki-Sven Tüür : un mouvement d’une sonate, d’un oratorio, et Insala deserta. Figure la plus intéressante de la jeune génération, il crée sans aucun clivage stylistique des œuvres fortes et immédiatement accessibles. Ses influences semblent aller du rock au « néo-médiéval », du minimalisme américain au spectralisme français. Ca marche, c’est bien orchestré, il ne nous reste qu’à nous entraîner à répéter ce prénom.