Encore une compile variée qui donne l’occasion aux amateurs de hip-hop de découvrir de savoureux labels indépendants. Au programme : des petites perles de chez Bronx Science Records, Fat Beats, The Union Label, Groove Attack, Brick Records… Ces labels, qui méritent reconnaissance, donnent dans la sève du hip-hop indé, et sortent la plupart du temps des galettes de vinyles insolites. Independent’s finest réunit en un CD quelques pièces maîtresses des structures évoquées. Un disque placé sous le signe zodiacal du pit-bull et sous l’égide de Ill Boogie Records, ce jeune label plein de bonnes intentions. Rappelons par ailleurs que Ill Boogie héberge des calibres haut de gamme tels que Rasco, Born Allah, Planet Asia + 427 (auteurs du fameux hit underground Bringin’ it back), DJ Revolution, Mykill Miers, M-Boogie (qui dirige avec talent la série Laid in full)… Un catalogue qui fait plus d’un envieux.

Dès le premier titre, on commence fort avec Apathy et son Smackdown, entouré des MC’s Rise, Celph Titled (également producteur de L-Fudge) et C-Rayz Walz. Tout ce beau monde rappe posément sur un bon sample de basse bien déroulé, dont la boucle chaloupe merveilleusement sur la rythmique laid-back bien tranquille de Celph. L’enchaînement avec le deuxième morceau est terrible et permet à AZ de placer une diatribe énervée : I don’t give a fuck, dont la prod est assuré par DJ Premier himself. Vient ensuite MC Akbar avec un flow qui évoque parfois Jeru Tha Damaja, première période. Les samples qui entourent son Live long sont variés et bien agencés : on trouve des cliquetis, des petits synthés, quelques mélodies étranges… Un mélange chamarré bien plaisant. Milano prend la relève sur un beat défoncé par des scratches savoureux. Ce MC affilié DITC place bien ses rimes sur un Rep for the slums classique, et le travail sur la voix (échos, répétitions de mots…) est plutôt bien senti. Pas de surprise en revanche pour le bien nommé Aged and Laced exécuté par Sandman featuring Rasco. Ce dernier se répète peut-être un peu trop (refrain plutôt chiant et rythmique toujours au même bpm), mais le très bon Mykill Miers reprend le flambeau brillamment avec son Killing spree, remixé avec dextérité par l’éminent DJ Revolution. Ce dernier profite de la très bonne prod de Diverse, et livre un instru dévastateur, tandis que Miers largue un flow proche de Xzibit. Le tout est savamment saupoudré de scratches assassins, décramponné par The Revolution se défoulant sur un vieux -mais savoureux- voice-sample de MC Lyte. Le beat tombe ensuite dans les bras de Erule (du label Flatland Entertainment), qui accouple son phrasé endormi avec une bonne boucle de piano narcotique. Son Here it is n’est pas trop mauvais mais ne fait pas vraiment le poids face au titre suivant : Keep it live. Un bijou en or armé façonné par El the Sensei (ah ! Fat Beats, toujours au rendez-vous), qui profite d’un bon sample de riff de guitare sorti de derrière les fagots soul de chez P Original.

Les Soul Searchers présentent ensuite Reks, qui déroule parfaitement son jargon hip-hop new-school sur Skills 101, titre plutôt commun, par ailleurs trop proche (au niveau de l’instru surtout) de la patte de Grand Agent et son By design. Guru (qui devrait arrêter le massacre avec Jazzmatazz et rester collé à DJ Premier) décroche son flow rare avec Take cover, morceau malheureusement un peu trop court (1min 40 seulement). On sent que les gars de chez Ill Boogie voulaient du Guru pour attirer le chaland…
On retrouve du L-Fudge ensuite, avec la brillante prod de Celph Titled, qui ravira les amateurs de production à la Diamond D. Le dernier titre –peut-être le plus connu du disque- n’est autre que Flawless de Phife Dawg (ex-membre du groupe A Tribe Called Quest), qui finit la besogne en beauté avec ce titre extrait de son dernier album.

Nos compliments au label Ill Boogie, qui place dans l’arène du hip-hop indépendant une première compile plutôt réussie. On attend la suite avec impatience… Independent’s finest vol.2 est d’ailleurs prévu pour cet été.