A la place d’une énième compilation electro concoctée par une « Djette bourrée à la kétamine », comme le dit si bien Olamm quelque part sur ce site, on aurait préféré rester sur le dernier Kid 606, The Action packed mentalist brings you the fucking jams, qui va clairement terrifier le bourgeois adepte de la « bastard pop » (le nouveau genre musical que Beauvallet dit qu’il faut aimer), ou de Akufen, qui pousse avec son premier album, My way, le bouchon de la house un peu plus loin que tout le monde, c’est-à-dire au coeur même du flux tendu d’informations qui nous entoure et nous détermine, auquel son premier album donne un son, et parfois, un sens.

Mais on cède à la pression populaire, pour évoquer ici entre les lignes ce nouvel exemple de recyclage electro, transformant une musique héritée de Kraftwerk, synthétique et minimale, en CDs à gros tirage de musique de danse pour masses averties, en vogue depuis le succès inattendu quoique mérité de Miss Kittin and The Hacker. Le filon 80’s, semé par Dopplereffekt il y a quelques années et alimenté depuis par une meute intrigante de produits estampillés International Deejay Gigolo, tend à s’épuiser, au détriment de la musique et de ceux qui essaient de l’inventer. Cette compilation Flesh est un exemple de l’excès de bonnes intentions et de multiples récupérations qui ont accompagnées ce mouvement et qui vont finir par l’étouffer.

Cette compilation mixée par Jennifer, « Djette désormais incontournable de la scène electro et techno parisienne, devenue la spécialiste des labels electro allemands tels que Kompact, Klang, BPitch Control », n’aurait pas démérité il y a deux ans. Mais avec ses multiples partenaires (Trax, Dirty, Open Mag, FG, et j’en passe), elle constitue un produit pour le moins prévisible. Réunir les hits des clubs de Tiga & Zyntherius (Sunglasses at night), I-F (Space Invaders are smoking grass), Playgroup (Number one remixé par Blackstrobe) ou Closer Musik (You don’t know me), ne témoigne pas d’une grande curiosité quand à ce qui constitue la musique électronique aujourd’hui, ni d’une grande imagination.

L’objet est donc confortablement cynique, ressassant a peu de frais l’ambiance du Pulp ou du Rex de ces deux dernières années, pour un public ignorant à qui on octroiera ainsi l’impression d’être à la page. Il ne sera qu’à la page de garde d’un courant musical qui se développe quotidiennement, et n’a plus pour seules vertus l’hédonisme froid des boîtes parisiennes et le recyclage de la nostalgie, mais l’exploration de possibles, l’excitation de l’imaginaire, l’invention de la nouveauté. Tant d’initiatives que ce genre de compilations viennent restreindre, préférant alimenter un fond de commerce lucratif, et boucher les perspectives, pour maintenir les gens dans la bête pulsion d’achat. Avec la compile 80’s de Begbeider, on a là un bel objet de mépris à se mettre sous la dent. Et promis, la semaine prochaine, on fait les chroniques de Akufen et de Kid 606.