Les énigmatiques boitiers en ferraille de Chain Reaction commencent à faire leur trou dans les bacs. Si vous n’avez pas eu l’occasion de découvrir la techno sur-filtrée et infiltrée de ce label allemand, cette compilation (faite de maxis) est idéale. Elle regroupe quelques-uns des éléments les plus intéressants et les plus récents du label, pour une techno étonnante et unique, qui a pour caractéristique principale un travail assez poussé sur le son par dessus des rythmiques plutôt musclées. Le titre de Scion fait penser aux vieux Two Lone Swordsmen, Erosion et Continuous Mode sont proches de Jeff Mills. Substance et Pelon font dans la house pneumatique et atmosphérique. Vainqueur, plus personnel, fait dans l’ambient à base de déchets digitaux et laisse la parole aux sons purs de la machine. Porter Ricks et son fameux Port of transition résume toute l’esthétique du label : beaucoup de souffles, de bourdonnements amplifiés sur des basses fortement influencées dub et une rythmique implacable. Ridis pousse le bouchon des infra basses assez loin sous la surface de l’océan (techno pour sous-marin atomique ?) et enfin Monolake se rapproche plus de l’ambient noise/illbient avec un titre digne de la compilation Ambient isolationism. L’ensemble est très intéressant, parfois aride mais toujours accessible. Chain Reaction réalise une symbiose inattendue entre le dance-floor, l’electronica et la musique industrielle, sans concession aucune (et donc avec assez peu d’humour…). Une démarche à part dans le monde de la techno actuel où comment faire du neuf à partir d’éléments anciens…