A l’occasion du dixième anniversaire du plus prestigieux (?) des labels de musique électronique -Warp- sort cette compilation qui regroupe ses premières références et autres grands classiques (d’où le titre…). En d’autres termes, du daté et de l’éternel. Côté daté, la première sortie du label, les Forgemasters et leur Track with no name (tiré à 500 exemplaires à l’époque) n’a finalement pas si mal vieilli. Le plus infâme morceau dance d’aujourd’hui n’égale toujours pas cette simplicité si efficace et si fraîche. L’acid house est à la techno ce que le rap old school est au hip-hop : un constant bain de jouvence.

Très présents sur la compilation, Nightmares on Wax et LFO ont évidemment grandement contribué à la reconnaissance du label. Si les premiers se sont un peu ramollis, les seconds sont au firmament de leur carrière et les titres présents nous rappellent comment ils y sont parvenus : hypnotiques, puissants et planants, ils sont aux limites de la magie. Côté outsiders, Sweet Exorcist (avec Richard H. Kirk) fait dans le bleep le plus pur tandis que DJ Mink sample soul et funk pour faire ce qu’on appellerait aujourd’hui du breakbeat ou du big beat… Terrible et naïf à la fois.

Le deuxième CD comprend encore trois titres des cauchemars sur cire, un peu plus electro, avec des basses chaleureuses comme une caresse à un chat angora. Surtout, leur A case of funk préfigure un certain nombre de productions des années à venir, qu’elles soient hip hop, techno ou jungle. Ailleurs, Tricky Disco rigole, nous pas trop et The Step ressemble beaucoup à Orbital -ancien ou actuel- avec un chant féminin curieux et un groove martien plutôt réussi. Le minimaliste Clonk de Sweet Exorcist rappelle la sensualité torride du French kiss de Lil’ Louis tandis que Tuff Little Unit, au nom très dub, nous invite à « rejoindre le futur ». C’est fait, et c’est aussi mélancolique qu’ils l’avaient prévu. Belles basses aussi. Coco Steel And Love Bombs (depuis le temps que je rêvais de l’entendre celui-là -il faut savoir que la plupart de ces titres étaient épuisés chez Warp) pourrait venir tout droit de Detroit : fluide, glacial et urbain, une merveille pour se mettre en transe, ce à quoi tous ces morceaux étaient vraisemblablement destinés. Enfin, LFO vs Fuse (LFO contre Richtie Hawtin, alias Plastikman) termine cette compilation à la fois utile historiquement et dans vos fêtes par 8 minutes de techno lourde et abstraite, groovy et planante à la fois. Si vous êtes sensible comme moi au charme des « vieux » morceaux techno, ce disque saura vous combler ! Indispensable ?