Ce devait être l’un des événements de cette rentrée. Et dans une certaine mesure, ça le reste (tapage publicitaire oblige). Pour autant, comment ne pas émettre nombre de restrictions à ce qui fut longtemps présenté par les médias comme l’un des projets musicaux les plus révolutionnaires de ces dernières années.
Né dans l’esprit de James Lavelle, la conception du disque semblait bien partie. Bien vite pourtant, les difficultés se firent jour, à tel point qu’on n’espérait plus sa venue. Trois ans plus tard, le voilà. Nom de code : Psyence fiction. DJ Shadow aux commandes pour la composition, Lavelle pour la réalisation et le pilotage de l’ensemble, et quelques collaborations prestigieuses (Money Mark, Mike D, DJ Krush, Thom Yorke, Richard Ashcroft, et Mark Hollis) pour couronner le tout. Quidam de la musique ? Entre réminiscences new-waveuses des années 80 et boucles électroniques, le tout émaillé de bandes sons improbables (pillage de séries TV, d’émissions radio ou de pub), le disque oscille perpétuellement entre un lyrisme sachant convoquer de belles émotions (les titres chantés respectivement par Ashcroft et York : « Lonely soul » et « Rabbit in your headlights ») et saccades rap -tendance plomb dans l’aile- peu aventureuses. Passant par différents registres, l’album conserve cependant une unité générale due à une production ambitieuse, bien qu’elle ne soit pas toujours à la hauteur de nos espérances (à ce titre, Entroducing de DJ Shadow recélait de réelles prouesses). « L’Apocalypse des albums », selon la formule marketing de Lavelle, n’est donc pas la merveille annoncée, mais sans aucun doute le fruit de deux puissants cerveaux ayant mis trop en avant leur intelligence. D’où une propension à compliquer ce qui ne demandait qu’a être complexifié. Résultat : après écoutes renouvelées, on décroche d’une partie du disque.