Deco est le label formé par Lionel Fernandez et Erik Minkkinen, eux-mêmes membres du projet Discom et anciens Sister Iodine. Cette rentrée 2004 est l’occasion de nombreuses et passionnantes nouvelles références pour le label indé parisien : un EP 5 titres de Transformer Di Roboter, un album complet de Evil Moisture et un EP de Teamtendo.

Dans l’ordre d’apparition, Transformer Di Roboter se compose d’Alex Kloster et Johannes Malfatti, également membres en compagnie d’Olivier Alary de Chlorgeschlecht, tout fraîchement auréolés de l’Honorary Mention Prix Ars Electronica 2004, catégorie « digital music », pour leur album Unyoga. Chlorgeschlecht mélange voix décontextualisées, mécaniques enfantines, épiphanies bruitistes, silences étrangement inquiétants et la simple brutalité heavy métal, ménageant apparitions et disparitions sonores en un chaos incertain mais follement musical. Dans un registre lo-tech (8 bit et MIDI), Transformer Di Roboter est le versant moins expé, plus pop, du duo. Le EP Transformer hits ou leurs apparitions sur diverses compilations (Who wants to be a millionaire sur Klangkrieg ou Dirty diamonds sur Diamondtraxx) voyaient Transformer Di Roboter reprendre bruyamment quelques perles de la pop culture (Depeche Mode, New Kids On The Block) avec une rare tendresse et un sens consommé du détournement et de la réappropriation sonore (conserver les lignes mélodiques simplifiée, rétrécir le champ des fréquences, jouer de la musique comme à un jeu vidéo). Metal kings enfonce le clou, comme on dit, en transformant le heavy metal le plus classique en scénettes electro-pop et lo-fi. Les standards de Slayer, Sepultura, Metallica et Pantera sont ici compressés et condensés en petites boules d’énergie, basiques et fondamentales. La réduction opérée faisant apparaître les structures des morceaux, dépouillés de leur apparat sensationnel et intimidant (le bruit, le volume sonre, l’atmosphère propre au métal) et désormais proches des plus simples fluctuations techno.

Evil Moisture est le projet musical d’Andy Bolus, déjà connu pour ses circuit-bendings (jouets modifiés) et sculptures musicales crées à partir d’objets sonores (Dictée magique, par exemple). Il a travaillé avec Yamantaka EYE (Hanatarash, XoX, Boredoms), Hironori Murakami (Vomit Lunchs), Erik Minkkinen (Intertecsupabrainbeatzroomboyz) Andrew Sharpley (AA), Noel Akchoté (Lenny Kravitz.co.uk) ou même Luc Ferrari. Ce mini-album de 27 titres et environ 26 minutes est une polyphonie bruitiste et possiblement nonsense, sautant du harsh-noise à l’eurodance en un joyeux foutoir dadaïste, évoquant autant V/VM qu’une déconstruction de Jean Jacques Perrey. Freak et drôle.

Teamtendo enfin, aka Cute Groundhog & Atm Cougar, duo parisien déguisé en peluches géantes, jouent un peu dans la même cour de re-création qu’Andy Bolus. Composant leur musique à partir de consoles Nintendo customisées, ils proposent une musique en 8bit plutôt techno ou electro, possiblement dansante. Après la sortie du We EP sur Institubes, ce Miss EP est la deuxième partie d’un triptyque qui se conclura joliment par le You EP à paraître chez Kone. Un concept qui franchit les frontières, associe les labels et les gens, et qui devrait faire danser les kids du futur.