Tori Amos n’a jamais caché son penchant pour la musique électronique. Elle a souvent réalisé ou fait réaliser des remixes de ses chansons qui, pour certains, ont très bien fonctionné sur les dance-floor. Si From the choirgirl hotel, paru l’an dernier, était son album le plus lyrique (après Boys for Pele son opus le plus sombre), To Venus and back (du moins Venus orbiting, l’album studio de ce double puisque le second, nous y reviendrons, est le premier live de la rousse demoiselle) sera, sur certains titres, son pendant électronique.
Mais comme sur tous ses albums, Tori sait jouer d’une main de fer dans un gant de velours et vice-versa. Venus orbiting est une suite de titres qui ne se ressemblent pas, même si on sait dès la première note quelle main les a écrits. Des morceaux acoustiques au son dépouillé alternent avec des pièces (légèrement) dopées à l’electro, le tout avec une production léchée à laquelle Tori nous a habitués.

Bliss, qui ouvre l’album et explore l’évolution amour/haine d’une relation père fille, nous renvoie aux précédents albums avec ses couplets presque susurrés et ses refrains fortissimo, alors que sur Juarez, Glory of the 80’s et Riot proof les sons électroniques prennent le dessus. Tori Amos a semble-t-il elle-même produit l’ensemble de cet album. Elle a sans doute auparavant beaucoup écouté le Ray of light de… Madonna, produit par William Orbit ! Parce qu’on retrouve quelques similarités sonores comme l’écho sur les percussions qui donne un son caverneux à la caisse claire ou la charley.
Mais elle a aussi su revenir aux chansons qui ont toujours fait son charme, telles les superbes ballades Concertina, 1000 Oceans et surtout Lust, Suede et Josephine qui, toutes trois placées au centre de Venus orbiting, jouent d’un dépouillement et d’une épuration du son d’une beauté rare. Et si (malheureusement) la plupart des titres ne dépassent guère le temps imparti aux singles en radio, Datura, longue complainte en deux parties de plus de huit minutes qui vont decrescendo constitue la synthèse de l’album entier avec un début acoustique et une fin toute en sons synthétiques.
Des sons synthétiques que l’on ne retrouve pas au long des treize titres, de six minutes en moyenne, qui jalonnent Venus live, still orbiting, la partie en public de ce double To Venus and back. Tori Amos est sur scène, au choix, un monstre ou une déesse. La tournée américaine de l’an dernier intitulée humoristiquement Plugged le montre ici.

Pour parler franc, ça pète de toutes parts. Effectivement, tous les instruments sont branchés, on sent que les musiciens ne sont pas là pour rien (le batteur est peut-être même un peu trop en avant mais les temps sont au pétaradant) et le public semble ravi. Tori est très en forme et vocalise sur tous les tubes qui s’enfilent comme autant de perles. Et c’est à l’écoute de ces titres en concert que l’on se rend compte que… Venus orbiting n’est finalement pas aussi bon que ses prédécesseurs ! Titres trop courts qui ne prennent pas le temps de s’installer, production que ne choisit pas son camp ? Dommage que ce live parfait nous gâche un peu le plaisir du studio…