Il faut impérativement commencer l’écoute de ce coffret live du Velvet Underground par le premier morceau du deuxième CD. Follow the leader enregistré au Matrix de San Francisco le 27 novembre 1969 représente une sorte d’éblouissement définitif face à cette entité dont on croyait tout savoir, tout comprendre et tout connaître.. Et ne croyez pas non plus qu’il soit indispensable d’être un maniaque absolu pour écouter l’intégralité des 38 minutes de la version de Sister Ray présentée sur le même disque. Etre amateur de bonne musique, et de rock’n’roll en particulier, suffit amplement pour s’éprendre durablement de ces petites merveilles disséminées ça et là dans ce copieux coffret. A la présentation austère et minimale, il regroupe quelques prestations californiennes indispensables de la formation Lou Reed/Doug Yule/Moe Tucker/Sterling Morrisson.

A l’instar du déjà jeune Jonathan Richman, Robert Quine est l’un des rares fans hard-core du Velvet, il a pris l’habitude de les suivre régulièrement et lors de leur venue à l’université de Washington le 11 avril 1969, il vient d’investir dans un magnétophone enregistreur, c’est sur ce même équipement qu’il capturera également divers concerts dont ceux du Matrix et ceux que le groupe donnera au Family Dog Club durant l’été. On retrouvera par la suite Robert Quine en bedonnant guitariste barbu au sein des indispensables Voidoids de Richard Hell et évidemment aux cotés de Lou Reed en solo. Mais ceci est une autre histoire.

Parmi les divers documents sonores édités à un rythme pénible à suivre (ne serait-ce que financièrement) depuis quelques années, ce pirate désormais officiel est l’une des choses les plus réjouissantes qu’il ait été donner d’entendre. Presque trente-trois ans après leur enregistrement, ces concerts restent toujours aussi bons, flamboyants et inspirants. Soyons clairs : les groupes actuels qui se targuent d’avoir une production brute et sans fioritures sonnent invariablement comme des Pink Floyd boursouflés en comparaison.

Ce véritable bain de jouvence auditif présente la deuxième partie de la carrière du Velvet. Après avoir écouté ces disques, plus personne n’aura l’outrecuidance d’avancer que ce groupe était meilleur à ses débuts et que Loaded est un album mineur. Ceux qui en douteraient encore peuvent également investir dans la Fully loaded edition sortie chez Rhino il y a quatre ans. Et même si la qualité sonore est ce qu’elle est (le volume trois en particulier est saturé de basses) on est là à écouter un groupe, le meilleur groupe de rock’n’roll de tous les temps, au sommet de sa forme, un déluge de guitares d’une beauté époustouflante, d’une simplicité, d’une pureté totalement désarmante.

– A-t-on vraiment besoin d’un troisième live du Velvet Underground ?
– Oui.
– Quatre heures d’écoute ne se révèlent pas lassantes à la longue ?
– Non.
– Le Velvet Underground, toutes périodes confondues n’est-il pas le seul groupe dont il est primordial de tout posséder, pirates, chutes de studio, versions démos et tout le bazar ?
– Si.Et on attend les volumes 2,3,4,5,6,7 et 8 de pied ferme…