The Kills sont sur toutes les lèvres. On suit leur lipstick à la trace, dans les soirées punk, et ça tease à boulets rouges dans les médias. Ce grand méchant duo se la joue sur scène face à face, sans un mot de côté pour le public. Keep on the mean side, c’est leur credo punk. Moins symbolistes que les White Stripes, VV (aka Alison Mosshart) et Hotel (aka Jamie Hince) sont tout aussi roots. La jeune américaine jolie et le lad londonien parfait font du blues road-movie, voyagent dans le temps jusqu’au bon vieux crossroad de papa. Guitares riffées en drones, et lyrics en tirs tendus (Fuck the people, Fried my little brains), leur duel au soleil amoureux explose, âcre et sexy, à la face de tout un chacun.

VV, elle, vous blesse avec des fleurs, vicieuse, et lui, Hotel, protège son pré carré. Chasse gardée. Reste l’intimidant face à face de deux grandes gueules. Blues, oui, mais pas l’explosif de Jon Spencer, ni le rabâché des vieilles scies US, mais le blues bien cru et crade des sentiers terreux, avec l’urbanité du Velvet et la satanique majesté des Stones. Saturations rocailleuses et les voix qui s’échappent par lézardes incisives. Minimalisme sale, impression d’être hypnotisé et maltraité, en même temps. Mais comme le rock est une musique de masos, qui aiment quand ça tape, on en redemande. Et du saignant. Fuck the people, évidemment, est parfait à chanter en choeur, mais chacun pour soi, à la Boule Noire. Voilà de la rengaine qui fait du mythe, même si le mythe, avec son sens de la pose, est bien calculé. D’autres échardes, moins catchy, évoquent presque les Jesus and Mary Chain ou ces indie-groupes de filles à la Polly Jean Harvey ou Mazzy Star.

Sinon, ça sonne comme du Royal Trux commercial. On préfère quand même Royal Trux, plus inventifs dans leur blues updaté. Mais on aime bien The Kills, of course. Pour son sens du timing (on ne s’appelle pas The Kills en l’an 2003 sans avoir forcément un peu de succès) et son track-listing sans faille, de l’introït efficace Superstition, à la claque dans ta face Cat claw jusqu’au final bayou Gypsy death and you. Voilà que je me mets à écrire à la Bayon.