Troisième album (après Horndog fest et Ultraglide in black) des vétérans de Détroit, les Dirtbombs, et toujours autant d’électricité et d’enthousiasme… Ca fait plaisir, pour un groupe de vieux (leur leader Mick Collins, ancien Gories, a vu son premier concert en 1972, c’était Bo Diddley…). Plébiscité il y a deux ans quand tout le monde découvrait les White Stripes et titrait sur « la scène de Détroit », ce très bon groupe rock de la Motor City (avec les Come Ons et les Bell Rays) n’en a pas moins continué à faire de la (bonne) musique quand le soufflé hype est retombé. En témoigne cet excellent Dangerous magical noise, qui réunit efficacement le meilleur du son de Détroit et de toute une histoire du punk-rock américain : du bruit magique et dangereux.

Sur une intro ironique (hurlements de stades), la party commence (Start the party), entre fureur bruitiste MC5 (et sa descendance glam Marc Bolan, sur Motor city baby), raclements de parquets Stooges (Thunder in the sky) et soli de guitares et phrasés hendrixiens (Sun is shining). Le garage Sonics (Don’t break my heart), le punk débile Ramones (le cri de ralliement « hey !!! » sur I’m through with white girls) et même le punk indé Pixies (la ligne de basse de Stop) ou la pop Beatles (Earthquake heart) sont également de la fête…

Un groupe sous influences donc, mais qui assume et revendique son rôle de continuateur d’une certaine tradition rock’n’roll. Vieilles saturations pourries, rythmes haletants, batteries qui cognent, production simple et funky font le charme premier degré de cet album enthousiaste et fidèle. La fuzz fait merveille, et Mick Collins est un grand chanteur soul. Un peu comme leur équivalent anglais Billy Childish, les Dirtbombs rendent un un hommage permanent au blues et au garage qui a fondé leur culture personnelle en même temps que presque toute la musique populaire d’aujourd’hui. Pas de fausse authenticité ici, ni d’exploitation mercantile des gloires du passé. Si ce disque a ses limites (les chansons ou la production, pas toujours à la hauteur), il est honnête. Et renvoie la plupart des vulgaires branleurs de manche rock de ces derniers mois à leurs études. Parole de vieux con.