Quelques semaines après le Blessing de son « Large Ensemble » (Omnitone), le batteur américain John Hollenbeck revient dans les bacs avec son « Claudia Quintet » : une formation plus resserrée, presque à cheval sur le jazz et les musiques nouvelles, visiblement attirée par la musique répétitive et l’électronique autant que par l’improvisation, au sein de laquelle on retrouve quatre de ses compères de longue date (le fidèle Drew Gress à la basse, Matt Moran au vibraphone, Ted Reichmann à l’accordéon et Chris Speed aux anches). Le graphisme de la pochette, les plaisanteries légères ou débonnaires qui émaillent ici et là l’album (l’enregistrement brut de décoffrage d’un message téléphonique de Drew Gress à John Hollenbeck) et, d’une manière générale, la tonalité d’une musique qui n’hésite pas devant le coq-à-l’âne, le silence et la conceptualisation, dénotent à la fois la propension du Claudia Quintet à ne pas se prendre au sérieux et, paradoxalement, leur don pour faire de la musique une chose extrêmement sérieuse et théorique. Intello, Hollenbeck ? Voire ; Semi formal s’impose en tous cas comme un album extrêmement abouti dans sa façon de mêler l’électronique (avec une légèreté confondante) et l’acoustique, de superposer et d’imbriquer des rythmiques au groove solide à des mélodies qui s’allongent dans le temps en sautant par-dessus les barres de mesure, de constamment surprendre en multipliant les trouvailles, les cassures et les changements de registre. On regrettera simplement l’apparence parfois un peu lisse d’une musique exigeante mais froide, qui n’aurait rien perdu à davantage d’engagement et de perte de contrôle.