Quatrième album des Beatnuts, duo composé de Junkyard Ju-Ju (né Jerry Tineo) et de Psycho Les (né Lester Fernandez), et pas précisément un massacre musical (pour ça, adressez-vous plutôt à Ol’ Dirty Bastard (né Russell Tyrone Jones) et son incroyable et jouissif Nigga please) ! Les Beatnuts sont avant tout des producteurs. Mais s’il est vrai que les morceaux sont bien huilés, bien tournés, bien rappés, l’ensemble de cet album manque d’originalité. Ils se contentent d’appliquer leur petite formule maison.
Ça peut donner de bons résultats : par exemple sur Beatnuts forever, Slam pit ou Monster for music qui tous utilisent à leur avantage des pianos répétitifs, et allient à des rythmiques simples et efficaces une concision bienvenue. Seul problème : ils sont aussi pleins de l’habituel lyrisme cheap qui survient quand on regarde trop de films sur la mafia. Alors on a aussi droit à des cordes (usées) et des coups de feux (pétards mouillés). Dans le genre, d’ailleurs, les pires, ce sont Look around, Puffin’ on a cloud et Buddah in the air, titres surproduits vraiment mauvais (bien que par moments parodiques) de rap/r’n’b avec violons, flûtes et chœurs de sitcom : quand on pense qu’ils se disent encore « underground » !

Pour le reste, le disque est inégal. Passons sur les cinq intermèdes, toujours aussi inutiles, à part peut-être pour leurs concepteurs. Remarquons Muchacha et I love it, marrants grâce à leurs samples délicatement calés. Rappelons l’origine latino du duo, très présente sur Cocotaso, le sautillant Turn it out (avec ses castagnettes et ses cuivres mariachi) ou Se acabo, dernier morceau du disque entièrement chanté en espagnol. Story 2000 est un agréable clin d’œil old school, lent et relax, comme d’ailleurs le débile et drôle You’re a clown avec barrissements d’éléphants, steel-band et pouet-pouet à gogo.
Un courant d’air frais dans un album qui, par ailleurs, utilise les mêmes samples d’orgasmes féminins, les mêmes « explicit lyrics », les mêmes rythmiques que partout ailleurs… En plus, la pochette est vraiment moche et bête : encore des grosses bagnoles, des flingues et des smokings ! Dommage. Reste le tube du disque : Watch out now, jazzy et latino à la fois, qui a tout pour marcher à la radio et rester dans les têtes…