Terranova est un trio composé de Fetisch (à la production, ex-DJ, allemand exilé à New York de retour au pays), Maro Melster (musicien issu du jazz) et Kaos (DJ). Ils ont déjà sorti des EPs sur Compost ou All Good Vynil, une collaboration avec Manuel « E2-E4 » Gottsching (ce dont pas mal d’electronautes doivent rêver), un épisode la série DJ Kicks et des remixes de Carl Craig, Jungle Brothers, Juan Atkins, Kool Keith. Close the door est leur premier véritable album (produit au studio de Connie Plank, qui devient un peu à la techno ce qu’était Steve Albini au rock pendant un temps : un passage obligé), sur lequel on retrouve leur mélange de hip-hop et de musique électronique (la marque du groupe).

Trois orientations sur le disque : les morceaux chantés, les raps, les instrumentaux bizarres. Parmi les morceaux chantés, ceux de Coco (Never, Plastic stress, Just enough) ressemblent à de la brit pop au ralenti et sont plutôt réussis, tandis que ceux de Cath Coffey –Turn around, Sweet bitter love, Midnight melodies (chase the blues)– convainquent moins : jolis parfois, rarement touchants, ils tournent néanmoins à vide. Les raps sont de loin les plus réussis (ce qui doit être dû à la longue expérience de DJ de Fetisch) : X-files, un mid-tempo plein d’effets divers et Midnight melodies sont très réussis. Quant au morceau avec Tricky (Bombing the bastards), il ne devrait pas décevoir les fans : sur une ligne de basse new wave, il déroule sa bile avec plaisir. Enfin, les morceaux instrumentaux, plus recherchés, plus abstraits, intriguent : Sugarhill, qui ouvre le disque, possède des cordes magnifiquement programmées et surchargées de gouttes d’eau ; Close the door mélange habilement l’electronica des 90’s et le psychédélisme des 60’s ; Millenium bug fait des clins d’œil à Stereolab ou au jazz-rock le plus conventionnel, et surprend son monde.

Au final, la diversité des essais laisse l’auditeur sur sa faim. Ce trio maîtrise effectivement tous les dialectes du moment, mais, malgré quelques réussites, manque parfois de passion. Finalement, seule la pochette (censurée en Angleterre) surprend vraiment : cette jeune fille de bonne famille qui consulte une revue porno, assise sur un kilim, c’est curieux, non ?