(Howdy : manière familière, amicale de saluer aux USA.) Revoilà donc le Teenage Fan Club qui passe à la maison nous faire un petit coucou. Et d’entrée de jeu, le premier morceau, I need a direction, annonce la, ou plutôt les couleurs : orgues « vintage », arpèges de guitare millésimés 1967 (ou est-ce 68 ?), chœurs flamboyants, ces garçons-là n’ont apparemment pas écouté de nouveau disque depuis une bonne trentaine d’années… Ils reprennent donc les choses là où ils les avaient laissées trois ans auparavant avec Songs from Northern Britain (leur meilleur album ?) et nous proposent une pop (faussement) apaisée. Mais il n’en a pas toujours été ainsi…

Bref historique : en 1991, les Ecossais du Teenage Fan Club sortent leur troisième album, Bandwagonesque, et se retrouvent propulsés aux côtés de Wedding Present, BMX Bandits et autres Boo Radleys (avec lesquels ils partageront leur maison de disques, Creation, qui accueillera quelques années plus tard un petit groupe de Manchester, Oasis…) sur le devant de la scène « noisy pop ». Puis en 1995, c’est le drame : peu de temps après la sortie de Grand prix, « Teenage Fan Club have lost it », du nom d’un single où ils revisitent quatre de leurs titres à coup de guitare slide et d’harmonica, sortes de remixes faits à la maison (de campagne)… Si on ne saura jamais ce qu’ils ont perdu (la rage, la tête, leur pédale disto ?), on sait ce qu’on a gagné : de superbes chansons dégagées des modes et nettoyées de tout détail superflu. Depuis, impossible de sortir le Teenage de sa torpeur bucolique…

Quelqu’un m’a affirmé qu’il n’y avait pas grand-chose à dire sur un album comme celui-ci. Il est vrai qu’à une époque où les différents styles musicaux se réinventent constamment et où la recherche formelle prime, Howdy !, disque à la nostalgie avérée mais jamais feinte ou poussiéreuse, apparaît obsolète : il ne propose ni relecture ni renouveau de la pop (d’autres sont là pour cela) mais douze chansons d’une simplicité et d’une sobriété désarmantes. Les thèmes abordés (l’amour, la solitude, le temps qui passe…) sont à l’image des arrangements : classiques mais justes. Et au final, ce parti pris de modestie met en évidence ce qui reste l’essence même de la musique (bien que certains aient tendance à l’oublier) : le songwriting, le talent d’écriture des trois membres du groupe. A lui seul, Cul-de-sac justifie l’achat de l’album. Les Teenage Fan Club tiennent ici, toute proportion gardée, leur God only knows à eux.

En ces temps troublés et incertains, il fait bon se reposer sur la belle plage en kit de la pochette de l’album. Le Teenage Fan Club, c’est simple comme Howdy !