Il est assez difficile de rapidement mettre une étiquette pour définir le style des Alkaholiks… Tout en étant situés géographiquement à l’Ouest des Etats-Unis, ces derniers se sont forgés un style intermédiaire West Coast-East Coast, et sont en ce sens relativement comparables à des groupes comme Funkdoobiest ou Cypress Hill… A la tête du collectif de rappers likwit crew -dont font aussi partie Xzibit, Barber Shop Mc’s ou Loot Pack-, ils ont été découverts il y a quelques années par King Tee, avec lequel ils ont d’ailleurs souvent collaboré. Après leurs trois puissants premiers albums, l’ambitieuse initiative d’un projet solo a enfin été prise par l’un des membres du groupe : Tash (aussi connu sous les noms de Rico Smith ou Catashtrophy). Comme beaucoup d’albums solos, plusieurs invités sont présents sur ce Raplife, comme les deux autres membres des Alkaholiks, B-real de Cypress Hill, ou Chief Raekwon du Wu-tang. On retrouve aussi souvent E-Swift des Alkaholiks, qui s’est occupé de la production d’un grand nombre de morceaux… Malgré les apparences, le fait qu’autant d’éléments propres au groupe d’origine de Tash gravitent autour de cet album n’a en rien empêché Rico Smith de nous livrer ici quelque chose d’assez personnel.

A la première écoute, on reconnaît évidemment la touche des Alkaholiks, notamment par des rythmes chargés en basses et saccadés à coups de sampler, ou des boucles obsessionnelles, qui ne s’arrêtent de tourner d’un bout à l’autre des morceaux… Mais une fois franchi ce cap, on s’aperçoit sur certains passages -comme sur Pimpin’ ain’t easy ou Smokefest 1999– que l’intéressé s’est permis quelques innovations stylistiques, notamment l’utilisation de voix saturées ou de samples de guitares ralenties (ce qui donne parfois un côté légèrement dépressif et assez terrible). Sur The game ou Only when I’m drunker, des inspirations funk, voire électro-funk (Tash rules), se font énormément ressentir, mais plus pour tendre vers un esprit à la E.P.M.D. que pour tomber dans un hip hop sirupeux de mauvais goût… Avec True homies, des samples de sitar obsessionnels interfèrent sur le phrasé de Tash, Phil the Agony et Xzibit, et rendent ainsi le morceau hypnotique, abrutissant même… Raplife ne restera pas gravé dans l’histoire du hip hop comme un album incontournable, mais si on y prête bien l’oreille, ce projet solo est truffé de petites bombes, sur lesquelles le sieur Tash balance son flow rauque et atypique. On attend donc avec impatience les prochains travaux du likwit crew.