(Epic/Sony)

Rangés des wagons de RER, les forcenés de l’anti-intégrisme ? Couchés panier, les empêcheurs de ratonner tranquille ? Calmés grave -au pénal- les empereurs du mot qui fâche ? Jamais de la vie, et à l’écoute du sobrement intitulé -certains devraient d’ailleurs frémir d’une telle simplicité- Supreme NTM, c’est clair dès l’intro. Putain, la baffe calibrée missile, le mastard coup de boule de tchatche qu’on se bouffe avec le retour des deux énervés du 93, Joey Starr et Kool Shen.
Ce qui par contre est vrai, c’est que les NTM ont appris -ou compris- que la modulation des cibles et du langage ne pouvait que renforcer leurs discours. On tient là l’explication de ces titres –Laisse pas traîner ton fils, Pose ton gun, Respire– qui laissent perplexes certains critiques de la presse nationale. A force de les entendre pousser des coups de gueule méchamment plombés, de les voir provoquer à l’envie quiconque se mettait sur leur chemin, ceux-là avaient fini par croire que Joey Starr et Kool Shen faisaient partie des ces éléments incontrôlables, de ces chiens fous armés d’un bon fond mais sans retenue aucune et surtout sans jugeote. Eh, bien ceux-là se sont plantés dans les grandes largeurs et ne risquent pas de comprendre de sitôt les brûleurs de verbe de la Seine-Saint-Denis.

Pas calmés, au contraire, le repos forcé et la réflexion sur la réaction -amour/haine, encouragements/désapprobation- qu’ils déclenchaient semblent les avoir confirmés dans leur volonté farouche : continuer coûte que coûte et par tous les moyens mis à leurs disposition -de leur talent, il faudrait quand même le dire clairement un jour, ceux qui leur concèdent une belle puissance de frappe cachent mal leurs mauvaises intentions à leur égard et leur gêne balourde- à combattre pour un peu plus de justice sociale. Et si l’on envisage sans à priori les différents maux qui assaillent la société qui est la notre, il faut leur reconnaître le droit à frapper un peu partout.

Sur le nouvel opus, le CSA se mange la gamelle royale (« Retour en force de l’ordre moral/J’veux surtout pas t’casser ton moral/Mais c’est le bordel/Quand t’entres pas dans leur panel/J’suis formel et reste formé pour ça/Nick le CSA » in On est encore là), Le Pen est criblé -mais pas nommé-, les grands tares de la société française, nos grandes tares, c’est-à-dire nous- individualisme, absence d’esprit d’entreprise, mépris et peur de l’autre-, se mangent un vilain coup sur le zen (Odeurs de soufre, C’est arrivé près d’chez toi). Normal, les NTM sont d’une certaine manière des idéalistes de la réalité, donc, logiquement, rien ne tourne rond, rien ne va assez vite. C’est finalement un travail de vigilance active qu’effectuent ces lascars. Euh…Je voudrais tout de même, pour terminer, que l’on me permette de leur concéder une certaine puissance de frappe…Et merde, Supreme kick dans ma face…