A l’instar de feu Themselves et leur The No music of aiffé (The No music remixes), le combo Subtle a voulu rassembler ses remixeurs et ses remixes, ses inédits et ses raretés. Pour la véritable présentation de l’équipée signée chez Lex, il faudra se procurer leur premier album A New white, une relecture rapologique à base de concoctions saturées (Song meat) et de potages analgésiques (Still fruit). Sautant d’un projet à un autre, des ambiances rap à des saucées electro, ce groupe à sept têtes (Dose One, Jel, Dax, Jordan Dalrymple, Alex Kort et Marty Dowers) propose une double galette CD / DVD qui fourmille d’idées planantes. Principalement électroniques, les plages lancinantes de Wishing bone sonnent pourtant comme un opus (re)lié, appuyé par les sublimes vidéos du collectif (une trilogie délicate, dont le flamboyant FKO sert de point d’ancrage). Les images sont orchestrées par le combo SSSR, une tripotée de norvégiens revigorés et de nippons déglingués qui trimbalent leurs symboles comme des cumulus.

Epaulé par une brochette de laborantins lumineux (Hrvatski, Console, MS. John Soda…), Subtle nous étale ses collaborations récentes, naviguant entre expérimentations electro et post-rock cyclothymique (F.K.O, Swanmeat, Swansong meat, By hook…, &8217…). Toujours avec un larsen qui traîne ou un synthé qui rampe dans le fond de la cale, leur os porte-bonheur place aussi ses cordages du côté des « grands » de l’underground (Mike Patton sur le chef-d’oeuvre Long vein of the voice, le subtil Farewell Ride Remix exécuté pour Beck…), prouvant avec une fluidité déconcertante que leurs alliances oniriques ne consomment pas seulement les poussières d’étoiles d’un microcosme trop Warpien. B-sides, remixes et vidéos sont ici tracklistés avec saveur, pour le plus grand plaisir des fans de Dose One (qui vient de signer en major aux dernières news), acteur principal de ce bateau à la dérive justifiée. Après Clouddead, Them(selves) ou encore ses coopérations avec Boom Bip (Circles) et Hood (Cold house), Dose One continue ses épisodes sophistiqués, remuant son phrasé extravagant sur les filins électrifiés, des breakbeats triturées par une lignée de bruits blanc pulvérisée par des breaks éclatés et des synthés douillets. Malgré les apparences, cet opus gris et blanc recèle plus d’une surprise colorée, étonne même par son côté faussement calme, ses douceurs piquantes. Dose One est encore une fois retombée dans une belle embarcation, sans se soucier des sentiers battus.

Changement de décors et retour du côté de chez les Gaulois. Pour ceux qui veulent bouger plus vite que leur néon, voici le laser d’un nouveau venu tout agité. DATA est devenu adulte très tôt. Mais sa musique possède curieusement ce paradoxe bancal qui fait l’apanage des jeunots, des branleurs magnifiques. En creusant bien, on trouve également dans ses orchestrations multicolores des traces de papys vieillissants, façon Pierre henry sous Prozac ou Jean-Michel Jarre sous quinine. Rares sont les pousses du paysage électronique français qui réussissent à faire leur trou d’entrée de jeu, dès leurs premières esquisses. Ce fut le cas d’un certain Oizo farouche (chaînon marquant des deux « générations électroniques Made in France ») de Jackson & His Computer Band ou encore de Vitalic (aka Dima, Vital Ferox, Hustler Pornstar…), autant de frenchies dont les opus -surtout les maxis à vrai dire- restent aujourd’hui de belles références en matière de pilonnage post-french touch. Contrairement à ses aînés suscités, DATA (David Guillon pour l’Etat Civil) est un paria galeux qui ne se soucie d’aucunes étiquettes, même si ses sonorités invoquent plusieurs références à la fois (Daft Punk, Jarre, Giorgio Moroder…).

Le jeune label Ekleroshock, mené par les mains moites mais généreuses d’un certain Mathieu Gazier (où est passé son associé Clément Debève ?), largue donc enfin une galette imparable. Après avoir parachuté une compilation inégale (The Unekpected headz) et certains projets attachants de ses artistes Crunc Tesla, Xerak, APSCII ou encore Leonard de Leonard, cette écurie au nom effrayant plante enfin un clou en or massif, orné d’amours numériques du plus bel effet. Plongeant ses manettes dans les bouillons agités d’une electro-jouissive continuellement en vadrouille, le rookie Guillon manoeuvre son hardiesse via certaines ouvertures ahurissantes (changement d’ambiances brutales mais dominées, relecture de mélodies en balade aléatoire, impulsion ralentie au speed…), (é)battant ses mélopées enflées dans des tubes couleur fluo (Paste back ), surprenants de vivacité (la galerie immanquable J’aime pas l’Art). DATA étonne et bâti des ondulations touchantes. Tout cela a au moins le mérite de masser la graisse des allumeuses écarlates qui jonchent les planchers des lieux branchés de l’Hexagone. Sur la piste, elles se trémoussent les petites, les yeux écarquillés ou fermés, pastille sous la langue, MySpace tatoué derrière l’arrière train et string ficelle bien enfoncé. Car ce maelström au foutoir organisé fait naître une kyrielle de bruines métalliques savamment emboîtées (7 months to forget), loin des vulgaires saucées binaires trop sages, qui bouchent l’imagination d’un certain nombre de nains électroniques. Eh ouais. Brûlez donc les derniers disques de Mùm, Alias et Sole pour commencer. Guillon a violemment percé ses volcans acnéiques, sans passer par la case electronica mollassonne, et s’est mis à dérouler des vignettes qui forment un casse-tête schizophrénique. Ruez vous sur ses tubes de branleur en puissance, ses bangers taillés pour les clubs. Chez DATA, ça claque sans synchronisation bornée, ça embrase des chandelles qui s’édifient dès les premières notes. Foutez donc le catalogue Morr Music à la poubelle et revenez en France.