Ce premier projet du batteur Stéphane Huchard en tant que leader est une incarnation-type de l’essai non transformé. Au départ pourtant, tout laissait entrevoir de solides perspectives : le parcours à la fois éclectique et rigoureux de ce musicien très remarqué en France, depuis près de quinze ans, notamment aux côtés de Laurent Cugny (Big Band Lumière), de figures du renouveau de fraîcheur et de mélodicité du jazz au début des années 90 (Jean-Pierre Como, Louis Winsberg) et, plus récemment, du génial et retors Emmanuel Bex pour une incartade free.
Aussi est-ce sans grand mal que le bonhomme à pu convaincre, pour déjouer ce Tribal traquenard, une relève de choix : Pierre de Bethmann, Linley Marthe, Marc Berthoumieux, Stefano di Battista, entre autres. En special guests dévoyés de Sixun, on retrouve Winsberg, Alain Debiossat et J.P. Como, venus assurer le côté « expérience des quadras ».

Enrichir le catalogue réputé pointilleux de Blue Note n’était pas non plus un moindre argument, le label ayant produit, ces derniers temps, trois incontestables réussites de ce côté-ci de l’Atlantique : Eric Truffaz, Prysm et Stefano di Battista.
Mais il apparaît rapidement que l’objet se réduit au goût manifeste du sieur Huchard pour l’assonance quelque peu potache. En témoignent certains titres de ses propres compositions (Casse à Caracas, Kiss à Kirkis, Batbouch au pays des babouches…), auxquels la musique, dans son ensemble, s’apparente de trop près. En effet, outre de belles envolées en solo des copains trop vite tombées à plat sur une trame trop fabriquée, on n’assiste au fil des plages qu’à un réchauffé à peine relooké d’un groove lisse et sans histoire, façon Spyro Gyra. Le fin toucher funk du patron n’y fait rien ; c’est d’un cœur plus spontané qu’il aura manqué.

Stéphane Huchard (d), Pierre de Bethmann (elp), Olivier Louvel (g), Stéphane Guillaume (cl, saxes), Linley Marthe (b) ; Invités : Stefano di Battista (ss), Louis Winsberg (g, bouzouki), Alain Debiossat (bs), Jean-Pierre Como (kb), Marc Berthoumieux (acc)
Enregistré au studio Sous la Ville, à Paris