Décidément, les Sonic Youth ont la guitare qui les démange. Quand ce n’est pas un nouvel effort collectif programmé chez Geffen ou une escapade perso de Kim, Thurston, Lee ou Steve, c’est une session improvisée dans leur studio personnel qui voit le jour. Au départ, ces bandes n’auraient jamais du tomber dans nos oreilles. En fait, le groupe jouant dans le studio au dessus du leur faisait tellement de barouf que nos quatre chevaliers soniques décidèrent de pousser les amplis au max et de sonner la charge de la cavalerie lourde.
Mais peu de temps après, Jason Knuth, programmateur réputé sur une radio indé new yorkaise, décida qu’il en avait marre de la vie et s’envoya ad patres. Nos Sonic Youth, apprenant que le gars en question les tenait en plus haute estime, se dirent qu’il y avait peut-être quelque chose à faire. Sortir ces bandes sur disque, en guise d’hommage à Jason Knuth, tout en faisant en sorte que les bénéfices de la vente dudit CD aillent à un organisme de prévention du suicide. De l’humanitaire ciblé en quelque sorte.
Et croyez-le ou pas, ce disque est bon, très bon même. Car même lorsqu’il s’agit d’une jam noisy apparemment sans conséquences, il sort toujours des doigts de fée des quatre New yorkais jusqu’au-boutistes des sonorités ébouriffantes. Ce sont ici huit élégies distordues à la mémoire de Jason Knuth qui vous sont proposées, fonctionnant comme un tout. Evidemment, ça ne plaira pas à la frange la plus pop des adorateurs du groupe. Mais que tout ceux qui aiment leur côté expérimental et en particulier les maxis autoproduits sortis ces derniers mois se précipitent sur ce disque, c’est une petite pépite de feu.