Dans la grande lignée du remix puissance dix, Sofa Surfers revoit le jour en cette fin d’année avec un album de reconstructions sonores sobrement intitulé Construction, remixed and dubbed. Les albums sources signés par Sofa Surfers fleuraient pourtant déjà bon le sample à tout va et le remix de haute volée. Leur dub gentiment nommé « Novo dub from Vienna » avait su s’imposer sans problème dans la vague electro-dub du printemps dernier. Organisée par paquets rythmiques ou harmoniques, leur musique est pourtant plus qu’un cut-up à la mode reggae d’une electro intelligente et dansante. Les mérites de Cargo et Transport étaient leur propension toute particulière pour faire copuler les genres musicaux, sans pour autant verser dans une bouillie indigeste. L’album Constructions évoque malheureusement et rapidement le remix de trop.

Le track-listing de l’album tient du all-star band : Howie B. dans une reprise barrée de Container, Richard Dorfmeister saluant ses vieux camarades viennois dans Sofa Rockers et Mad Professor pour un remix pas si reggae qu’il n’en a l’air. Mais le name-dropping de la pochette aura beau y faire, la matière musicale présente sur l’album n’a rien d’époustouflant. Les remixes confinent comme bien souvent à l’exercice de style et apportent peu au matériau original. Si ce n’est l’appropriation décalée par Tom Tyler et Spectre, les autres intervenants font preuve d’un manque d’inventivité flagrant. Gimmicks rythmiques à la pelle, samples trop attendus et leitmotive ennuyeux parasitent les interventions de Eardrum, Sons of Silence ou de Sofa Surfers eux-mêmes. On attribuera le manque de génie du disque à la trop grosse production derrière le projet, ou au manque de prise de risque qui jalonne les choix artistiques du casting en question. Provenant de scènes beaucoup trop proches de l’univers de Sofa Surfers, les DJ présents ne savent pas varier et détourner le quantique-dub des deux Autrichiens. Et même si l’auditeur est averti en liner-notes des volontés d’ouverture du projet (« Constructions was built by many architects with different views on aesthetics and forms »), l’hétérogénéité de l’ensemble ne reflète en aucun cas une explosion des inspirations des remixeurs ; bien au contraire : elle n’est que la vaine expression d’une tentative collective de coller aux plans musicaux déjà existants.