Tigersushi, meilleur label français de dance-music étrangement inquiétante, sort de son chapeau Alice Daquet, aka Sir Alice, pour sa deuxième livraison discographique, le mini-album justement intitulé 2, après un premier maxi nommé 1. Sept morceaux de verre pilé, de basse acides, de cris primaires et de gai foutoir, inspirés par Suicide et Charlotte Leslie (Superhero), Lydia Lunch et Villalobos (La Maîtresse), mais aussi Throbbing Gristle, Mathématiques Modernes, Sonic Youth, Einstuzende Neubauten ou Metal Urbain. Alice Daquet reprend les tubes psyché-yéyé (auto-dérision, énergie fausse, paroles gavroches) là où les ont plantés Stereo Total, y ajoutant un peu d’érudition (Alice prépare une thèse à l’Ircam sur la perception cognitive de la musique – lire notre interview dans Le Mag) et le soutien de quelques guests bien doués (le Marc Collin de Nouvelle Vague, Avril). Laptop et compagnie viennent donc polluer ces electropop-songs de grésils, ambiances et textures diverses, qui rendent l’ensemble séduisant-repoussant, amusant-inquiétant, un peu schizo quoi. On aime assez ce désengagement.

Sinon, par ailleurs, une énième compilation crossover fourre-tout mais de bon goût sort dans la même crémerie. Ce volume 2 de How to kill the Dj (du nom du label d’Ivan Smagghe) concoctée par les deux écossais d’Optimo, JG Wilkes et JD Twitch, poursuit la relecture post-moderne et festive de la dance-culture sous toutes ses formes qu’ont initié les 2 Many Dj’s avec leur compilation-carton. Celle-ci est cependant moins bootleg-bastard que bien agencée et érudite : avec quelques classiques (Blondie, Atomic, Gang of four, Damaged goods, Suicide , Dream baby dream), et pas mal de surprises (les tropicalistes psyché Os Mutantes, la chorale gamine du Langley School Music Project et sa version de Good vibrations, le Love d’Arthur Lee qui clôt le disque sur un Everybody’s got to live très joli -morceau de fin de soirée : Everybody’s got to leave ?), le tout mixé comme de bien entendu sans laisser le temps aux morceaux de s’annoncer ni de s’installer, chacun s’enchaînant à son voisin comme un torticolis d’ADN musical, en une sorte d’harmonie préétablie du groove, jouissive et rapide. Egalement au programme, un deuxième CD non mixé avec quelques morceaux très chouettes (les garage allemands The Monk, le post-punk des Bush Tetras, le Chicken walk du culte Hasil Hadkins) qui témoignent de l’amour véritable que semblent porter ces deux garçons à la musique et à leur discothèque. Grand bien nous fasse.