Roberto Alagna (ténor), David et Frédérico Alagna (guitares).

Que les plus récalcitrants aux têtes de gondoles (!) et autres produits labellisés par la 1ère radio de France abandonnent pour une fois leurs préjugés au vestiaire : et qu’ils se laissent porter par cette formidable anthologie de mélodies napolitaines -entre autres, mais pas seulement. Exercice de passage obligé pour ténor en vue, diront-ils : peut-être, mais exécuté avec une si belle aisance et un tel style, pas si souvent. Sans remonter jusqu’à Gigli, sans doute faut-il écouter le jeune di Stefano (réédité actuellement chez Testament) pour retrouver tout le charme de ces rengaines.

Décontractée comme rarement, la voix d’Alagna est ici magnifique (un peu trop réverbérée, cependant : quelle est donc cette nouvelle mode de tout enregistrer dans des églises). Pas une once de vulgarité, pas d’effets faciles, mais un legato, des piani et des diminuendi superbes, et une élégance incomparable dans les sérénades françaises : comment La jolie fille de Perth pourrait-elle garder le silence devant si bel amant chantant ! Tout aussi convaincant dans les airs de Don Giovanni (mais si, « Deh vieni… » !) ou du Barbier, le ténor nous fait simplement regretter de ne pas l’y entendre plus souvent : le style, déjà de plus en plus sûr, aurait encore plein à y gagner. Subtil accompagnement des frères à la guitare, clin d’oeil discret d’Angela … Bref, un disque grand public ET jubilatoire, c’est assez rare pour ne pas être honnêtement souligné.