Robin Rimbaud is God. C’est ainsi que commençait notre chronique du dernier disque de Scanner, Lauwarm instrumentals. Deux ans après, la légende ne se dément pas : dieu est bel et bien humain. Et c’est sous l’avatar de « Scannerfunk » qu’il signe son nouvel album solo, qui flirte avec une funk new-age bien loin de son electronica précise et décalée habituelle.

Quand Robin Rimbaud inaugurait son label Sulphur Records, on s’attendait à avoir un florilège de l’intelligent-electronica actuelle. Nos espérances ne s’étaient pas vues démenties : avec David Toop, DJ Spooky, Simon Fisher Turner, David Shea et Lauwarm instrumentals, le public hip’n’hype des scènes electro anglaises avait eu son lot de surprises. Dans Wave of light by wave of light, Scanner sombre de façon inattendue dans une soupe electro des plus indigestes. Robin Rimbaud semble avoir oublié les recettes qui conféraient à ses disques leur brillance toute particulière. Les discrètes codas qui étaient présentes depuis ses premiers travaux se font ici beaucoup plus rares : exit les conversations et les fragments téléphoniques captés aux hasards des ondes. La musique de Scanner n’est plus ici entropique, en ce sens qu’elle ne reflète plus les surplus d’une société de la communication surproductive. Au contraire, le musicien y va de sa contribution à la redite musicale en imposant des gimmicks convenus et des leitmotive mille fois entendus. Scanner ne s’est pas mis au funk mais plus à un croisement trop hasardeux d’electro-pop eighties et de sous-ambient à la Eno/Toop.

Dommage, car on sent que l’énorme potentiel qui s’était jusqu’alors exprimé dans ses productions peut réapparaître à chaque morceau : quelques infrabasses bien calibrées, une poignée d’ambiances minimales éparpillées au gré des rythmes, une voix perdue dans l’univers sans fil de Londres. En abandonnant le grésillement des îlots individuels de production musicale, Scanner fait faux bond à ses amis d’antan, ces machines en dysfonctionnement, ces bruits blancs épars et ces spoken-words involontaires. Son virage dans l’ère de l’electro calibrée devrait pourtant être de courte durée, tant le personnage sait faire preuve d’intégrité et d’inventivité, autant dans ses projets solo que dans ses diverses collaborations. Réécoutons Lauwarm instrumentals, Garden full of metal ou Sound for spaces en attendant la rédemption.