« Robin Rimbaud is god », pouvait-on voir sur les murs des universités que fréquentait le jeune musicien « électroniciste » qui n’en était qu’à ses débuts. Aujourd’hui, quelques années plus tard, la consécration de ce créateur des musiques électroniques hors pair ne se fait plus attendre. Demandé par tous les festivals orientés electronica du monde entier, remixeur attitré des grands noms du post-rock (Ulan Bator, Hovercraft, Aerial M, Tortoise, etc.), créateur d’ambiances uniques, Robin Rimbaud (aka Scanner) est le musicien actuel qui marque le plus les scènes new electronica les plus pointues et les plus inventives. Parfois proche d’une épure minimaliste comme dans ce travail sous son propre nom qu’il effectue deux ans plus tôt en hommage au cinéaste anglais militant Derek Jarman, Scanner sait varier l’ouverture de ses projets vers un public de plus en plus large sans pour autant tomber dans une mièvrerie quelconque ou dans une mode, déjà mort-née, du tout breakbeat. Et pourtant, du breakbeat, il y en a parfois, ainsi que d’autres rythmiques plus ternaires dans son dernier album Lauwarm instrumentals, première référence de son label Sulphur.
L’ambiance y est définitivement celle créée par ce DJ qui nous avait tant convaincu avec les spoken words géniaux de sa précédente œuvre Sound for spaces, et il rajoute à l’atmosphère épurée de ses premiers opus une rythmique intelligente et obsédante qui fait tout le charme d’un album beaucoup plus facilement accessible qu’il n’en a l’air.

On n’oubliera pas bien sûr non plus les chuchotements aléatoires d’une civilisation interzonale de la non-communication, les fréquences perdues au hasard des conversations urbaines captées live par les talkies-walkies de Scanner, pas plus d’ailleurs que ce travail de texture si intéressant qui le place encore au-dessus d’un Mika Vaino dans Pan Sonic ou du travail plus bâclé que produisent Autechre ou Aphex Twin, papes (justifiés) d’une intelligent techno en plein développement. Non, ce que Scanner crée, ce sont des îlots de production musicale désirante, non pas noyés mais à part du plan d’inconsistance des musiques électroniques actuelles.