Ouf ! On a failli ne pas avoir de starlette française pour passer l’été. Heureusement, Rubin Steiner est arrivé, avec son Lo-fi nu jazz vol.2, et tout le monde de s’extasier sur ce jeune Français qui mêle jazz, big beat et bidouille électronique avec une certaine dextérité. Désormais, le clubber peut se targuer, en écoutant Rubin Steiner d’avoir des jambes et un cerveau.

L’ennui, c’est que Lo-fi nu jazz vol.2 se révèle rapidement plutôt casse-burnes. Au départ, on est séduit par la démarche (un bien grand mot), assez foutraque, qui consiste à verser dans un grand shaker Coltrane, Fatboy Slim, un trait de lounge exotica, un soupçon de DJ Shadow et un trait d’Aphex Twin. On se laisser attraper par les sonorités dub de Soul music (tout un concept, ces titres à contre-pied), par la morgue jazzy tranquille et répétitive de Lo-fi nu jazz #8 ou les réminiscences d’un Manu Chao passé à la moulinette (Easy tune). Mais au bout d’un moment (et un moment, c’est parfois quelques minutes…), tout cela laisse place à une forme d’irritation, qui devient persistante. Finalement, on a l’impression que cet album ne mène nulle part, ne contient aucune ligne directrice forte. Ce n’est pas le tout de savoir manier des machines si on ne leur donne aucun « supplément d’âme ». Et le Tourangeau Frédéric Landier (le vrai nom de Rubin Steiner) semble s’être vite retrouvé à court d’inspiration. Aucun souffle ne traverse les treize morceaux de Lo-fi nu jazz vol.2.On ne peut pas tout avoir. Ce qui est clair, c’est que l’album est parti pour cartonner dans les milieux autorisés, et que l’intelligentsia du nouveau son ne laissera pas passer l’occasion de clamer haut et fort qu’il y un salut en dehors de Daft Punk, Mirwais et les autres cochonneries françaises qui font danser. Si dans une soirée bien fréquentée, vous entendez quelques chose qui a l’air à la fois neuf et vieux, qui ressemble à pas grand chose et qui fait taper du pied à tout le monde, il y a des chances pour que ce soit notre ami Rubin Steiner. Dernier détail (très étudié) : les liner notes, dans lesquelles il remercie pêle-mêle Boulez, Mingus, Fatboy Slim, Kraftwerk, les Young Marble Giants, Fennesz, Jim O’Rourke, Girls Against Boys, Squarepusher… et JD Beauvallet ! Ouf ! Que des références autorisées.