Ce nouveau disque du champion canadien de la « minimal techno » est un mix d’une heure, en 38 courts extraits et un intermède, une sorte de DJ Kicks de Plastikman ! L’avantage, c’est qu’en une heure, vous avez un condensé de ce genre, parfaitement mixé (à l’aide de pas grand’chose : deux platines, des effets -reverb’, dealy, phaser, etc.- et une 909, voyez, tout est dit dans le titre) et enchaîné par un spécialiste. Vous pourrez même l’écouter en lecture aléatoire, tellement le noir s’accorde avec tout (voir la pochette). L’inconvénient, c’est que c’est un peu anecdotique.
Le disque prouve que Hawtin est un bon DJ aux goûts sûrs. On le savait déjà. Mais si, lors d’une de vos fêtes, les platines tombent en panne, vous pourrez toujours passer ce CD à fond : c’est minimal et ça groove sec ! Au programme, des classiques (Jeff Mills -4 titres- ou Baby Ford -génial), des références cultes (Richard Harvey -7 titres !-, Grain), l’écurie du label Tresor de Berlin forcément très présente (Surgeon, Pacou, Savvas Ysatis), puisque le son de ce label résume bien l’esprit de cette techno profonde (les basses) et glaciale (le rythme et les sons) à la fois. On a même un peu de dub, puisque la session se termine par un extrait du Never tell you de Rythm and Sound.

Heureusement, des rythmiques martelées (Marco Carola) aux percussions de Rio (Santos Rodrigues), du clin d’œil « historique » à la scène electro-body début années 80 avec Nitzer Ebb (aux voix assez horribles !) aux passages plus ambient (Heiko Laux), du minimalisme le plus austère (Vladislav Delay, Thor) aux œuvres du maître lui-même (quatre titres de Hawtin sortis sur son label M-nus, dont le site, magnifique de sobriété, convient bien aux visions conceptuelles de Hawtin), de nombreuses et insensibles variations de style empêchent l’ennui de s’installer. C’est tout ce qu’on demande à ce genre de « megamix ». Notons tout de même que la seconde partie, plus originale, plus pertinente, est plus réussie.
Bref, dans l’ensemble, un disque assez représentatif des prestations live de son auteur (et précisément de sa tournée mondiale 1999) et un exercice plutôt réussi, bien que très différent de ses récentes productions plus conceptuelles. Ici, le concept est simple : un sampler branché (dans tous les sens du terme) qui pourrait plaire aussi bien aux fans des récents Consumed ou Artifakts de Plastikman (techno débranchée) qu’aux fans de raves (techno surchauffée).