Originellement un duo composé de Matt Edwards et Serge Santiago surtout connu pour ses remixes de pointures pop comme Kylie Minogue, Tiga ou Fischerspooner, Radio Slave est depuis l’union défaite le nom qu’Edwards qu’a choisi pour développer sa part la plus sombre et la plus martiale de sa techno. La renaissance fut très remarquée : on se rappelle d’une série remarquable de EP et de singles sortis sur Rekids, notamment la série No sleep ou des éditions limitées sur le sous-label RKDS. Edwards a également continué de faire vivre la franchise Radio Slave pour les remixes, reliftant des artistes moins mainstream mais tout aussi prestigieux comme DJ Hell, Jerome Sydenham, Booka Shade, M.A.N.D.Y. ou Moby. C’est à cet aspect de la production d’Edwards qu’est consacrée la compilation Radio Slave works 2006 – 2010, dont il serait dommage de ne pas parler : c’est l’une des rares anthologies techno valables qu’il nous ait été de donner d’écouter ces derniers mois.

Déclinés sur les principales caractéristiques du « son Radio Slave », à savoir minimal et hypnotique, ce triple CD évite l’écueil du recueil glamour des célébrités exhibées comme des trophées de chasse – et pourtant, d’Elton John aux Pet Shop Boys, ils ne manquent pas – et se concentre sur le travail plus obscur d’Edwards, en remixeur de morceaux moins faciles d’accès et de formats moins pop. Une belle part est également faite à des inédits ou à des titres assez rares voire très peu connus, comme le très beau K3 avec Alice Lascelles ou le mystérieux morceau signé du japonais Beat Galore Friction, dont la rythmique dépouillée et ultra-minimaliste ferait passer M_nus pour une orgie sonique tectonik. Dans des registres plus vastes, on notera aussi les relectures dubby de Soylent Green ou plus groove avec le piano du collaborateur régulier Tom Gandey, dont le solo rappelle le jeu du wonderkid Francesco Tristano sur le « Body Pop » de Nelski.

Seules petites fautes de goût, peut-être : le séquençage, avec des blancs entre les morceaux pas toujours respectés – ce n’est pas une compilation mixée, alors autant bien séparer les tracks, non ? – et la présence toujours insupportable de P. Diddy sur « The DJ » de Hell, le plus mauvais morceau de Teufelswerk heureusement présenté ici dans une version remix raccourcie – l’originale faisait quand même 30 minutes !

Quoique sorti tardivement en 2011, ce disque est le complément idéal de son jumeau Misch Masch’ sorti sur le label Fine en 2007. Ruez-vous, c’est une heureuse surprise.