The Rapture, Yeah Yeah Yeahs, !!!, LCD Sound System, The Liars ou Outhud sont les nouveaux groupes new-yorkais à la mode. La presse en a parlé, en parle et en parlera longtemps (et Chronic’art y est passé comme tous les autres), car jamais New York n’avait été aussi véhémente et créative musicalement. Sans doute poussés à bout par les politiques sécuritaires et ultra libérales de Giuliani hier et Bloomberg aujourd’hui, plein de petits groupes énervés se sont créés ces derniers mois, revisitant leur patrimoine new-yorkais post-punk (ESG en cheftaines de file, Liquid Liquid juste derrière). Radio 4 est un autre avatar punk-dance de cette mouvance, dont le premier album sort ces jours-ci. Un album brûlot qui s’intitule Gotham et dont la thématique générale est évidemment… New York.

Radio 4 existe en fait depuis déjà trois ans, et on considère presque ses membres comme des vétérans de la scène new-yorkaise. Tant inspirés par le post-punk sus cité que par The Clash, Gang Of Four ou The Talking Heads, leur dance-rock est puissant, rafraîchissant, punk et funky. Entre dub hypnotique et guitares acérées, bleeps torrides et kick tendus, Gotham est une petite bombe des dancefloors, et pourtant très loin du monolithisme house ou disco. Dance to the underground est ainsi une nouvelle forme de tube (sans faire de jeu de mots), avec sa ligne de basse ESG, sa batterie disco et son hymne en guise de refrain, un objet hybride entre culture club et rock urbain. Ouvert par la déclaration d’intention survoltée Our town, Gotham déroule ses treize titres sans un instant de relâche, en un flux serré de rythmes et de mélodies accrocheuses. Aidé par la production des incontournables DFA (Death From Above, alias Tim Goldsworthy et James Murphy, également producteurs du 6 titres de The Rapture), Radio 4 lâche un rock mâtiné de bleeps électroniques, sec et nerveux, à l’engagement total.

Car si la musique est festive, le propos n’en est pas moins politique. Enregistré avant le 11 septembre, au moment ou Giuliani était en train de faire passer des lois visant à interdire de danser dans les clubs de la ville (il fallait quand même y penser !), Gotham reprend la bonne vieille antienne « Move your ass and your mind will follow », prolongée en slogan salvateur « danser = vivre » (et la lutte contre le SIDA est aussi présente sur le titre Start a fire). Gotham est un album salvateur et enthousiasmant (et les révolutions sont souvent des produits de l’enthousiasme), une incitation à la désobéissance par la danse. Les lendemains seront chantants.