La première chose qui est frappante -et remarquable- dès la première écoute, c’est la nouvelle orientation sonore donnée à Pulp par Jarvis Cocker : plus dur, plus sombre, plus varié et extraverti, c’est vraiment hardcore selon la définition. Et d’emballer l’auditeur avec The Fear, qui donne le ton : toujours aussi élégiaque, mais moins chichiteux et grandiloquent ; par contre, les obsessions socio-existentielles de Cocker restent les mêmes, et c’est très bien comme cela. Songwriter brillant, il a su donner une nouvelle impulsion au groupe pour que celui-ci ne soit pas cantonné à cette image -bien figée- de porte-drapeau de la new wave matinée de glam. Paradoxalement, Pulp n’a jamais été aussi proche de l’influence Bowie qu’avec ces nouvelles options, qui devaient l’en éloigner. Peut-être est-ce seulement sur le plan de l’exigence.

En tout cas, des titres tels que I’m a man résument parfaitement cette situation : ascendances maîtrisées mais non reniées, Pulp n’est plus sous l’empire de ses vieux démons et s’est forgé un son bien à lui. Le résultat : quelques pépites grandioses –This is hardcore, Party hard, Seductive barry, The Day after the revolution– qui partent sur la corde raide avec maestria. On comptera bien sûr quelques décollages avortés, des planteries des jours anciens : Help the aged, single calamiteux, A Little soul, qui en manque par trop, ou Glory days, mais on fera preuve de compréhension : Pulp n’aura quand même jamais été aussi proche de l’âge adulte, à ne pas confondre avec l’âge de raison.