Qui est Princess Superstar ? Un personnage mythique, une super héroïne des temps modernes ou un personnage élaboré le long de quatre albums ? Des faits réels, on croit savoir que Princess Superstar est née dans les 70’s, qu’elle a grandi dans la campagne pennsylvanienne avant de débarquer, seule et de son propre chef, à Manhattan. Elle a alors 17 ans.

Son premier album sort en 1995 (Strictly platinium) et montre déjà un art tranchant pour la dérision. Princess Star enchaîne et monte son label, A Big Rich Major Label, puis sort un deuxième LP en 1997 (CEO). Elle emballe les médias, mais rythme effréné, insatiable, elle sort « Last of the great 20th Century Composers » l’an dernier et collabore avec Prince Paul ou John Spencer. Les majors l’approchent. Pas question. Elle signe ce nouvel opus sur la division Rapster du label !K7.

Alors qui est Princess Superstar ? Dans Princess Superstar is, on rencontre une belle grande gueule. Une fille qui se moque de tout. Au fil des morceaux, au fil des histoires contées par elle ou par d’autres (High & Mighty, Kool Keith ou Beth Orton) se dessine un personnage méprisant et hilarant. Princess Superstar est hautaine. Extrêmement confiante, voici une jeune fille certaine de ses atouts, spécialement de ceux qui marchent auprès de la gente masculine. Elle nous séduit, nous moque et nous conspue. Trop tard, on est amoureux, de son je-m’enfoutisme, de ses blagues potaches, de ses airs stupides, de ses sourires et de ses yeux pétillants. On ne l’a jamais vue, mais on sait qu’elle est comme ça. Une jolie idiote, attachante des faiblesses qu’elles ne veut dévoiler. Une fille naïve, du genre à aguicher des mauvais types (donc pas de nous), à les aduler puis à les meurtrir d’un tour de mot. Vulgaire, provocante, elle en devient imparablement excitante même au plus profond de ses grossièretés, quand sur Wet ! Wet ! Wet ! elle rejoint le romantisme chevaleresque des Smut Peddlers (DJ Mighty Mi est justement derrière la production de ce morceau).

Voici alors un personnage de dérision, construit sur fond de hip hop dynamique et sautillant. Une musique entraînante, nourrie de rock et de soul, qui côtoiera tour à tour hardcore ou Rn’b. Euphoriques et immédiats, les airs sont accrocheurs (Welcome to my world), ne cherchent pas la délicatesse et trouvent le grandiloquent. Parfois, elle s’énerve, d’un ton violent et désabusé, empli de reproches et de remontrances (You get mad at Napster). Une fois, une seule, elle semblera accessible, on pourrait presque aller l’accoster, quand elle baisse le ton, plus posée, plus intime dans son duo avec Beth Orton (Untouchable part 2). Mais il est déjà trop tard, le morceau suivant (Untouchable part 1, produit par Herbaliser), elle a repris force et confiance, flow sexuel et moqueur. Non, vous ne m’approcherez pas, « Retiens ton souffle quand tu me vois passer » ordonne-t-elle sur Trouble.