La sortie de cette compilation de Plaid (alias Ed Handlay et Andy Turner) nous rappelle qu’entre le moment où ils se sont séparés de Ken Downie (qui a continué seul l’aventure de Black Dog) et la sortie de leurs albums, le duo a sorti de nombreux maxis depuis 1992 sous des noms aussi divers que Atypic, Balil ou Tura, et dont certains sont très recherchés des collectionneurs. Difficile de passer en revue les 26 morceaux de ce double CD mais disons qu’on peut y trouver deux tendances majeures : le jazz-trip-hop ou l’ambient-techno (telle qu’on la concevait au début des années 90).

Côté sons jazzy, Gilles Peterson a dû programmer plus d’une fois Slice of Cheese, parfaite leçon de groove jazzy et soul ou encore le terrible Summit, funky en diable, et tout de vibraphone vêtu. Sans oublier l’ultra festif Scoobs in Columbia, basé sur un sample de salsa et un gimmick à faire transpirer n’importe quel clubber !

L’électro n’est pas en reste avec le magnifique Anything (publié à l’origine sur Clear), le poétique Link, réminiscent de la vague ambient des débuts de Warp ou Bouncing Checks, clairement issu de Detroit (et d’ailleurs originellement publié sur Planet E, le label de Carl Craig). Yak ou Chirpy font leur trip en 1992 avec des nappes comme on n’en fait plus et des basses bien chaudes. Prig nous rappelle qu’ils ont commencé en même temps que LFO, une tendance à la spiritualité en plus, tandis que Eshish confirme cette tendance en frôlant le voyage en Inde, avec gouttes d’eau et synthés en boucle à gogo, voyage que Black Dog nous faisait déjà beaucoup faire. Whirling of spirits et Choke and fly restent dans la même veine, tandis que Small energies ou Reishi, particulièrement planants, se permettent de dégager une émotion naïve et surannée qui manque aux productions d’aujourd’hui. Ajoutez quelques quelques perles de pure électro comme Jolly ou Uland (précusrseur de Boards of Canada), de techno binaire comme Letter, et comprenez que Plaid a une palette de talents assez grande. On trouve même un morceau à la Aphex twin, soft key, construit sur un amas de percus bruyantes (et s’il y a un groupe de chez Warp qui n’est pas pas bruyant, c’est bien Plaid !).

Conclusion : si vous avez trouvé les albums récents de Plaid un peu plats, voire creux, cette compilation est pour vous : riche en idées, en sonorités d’outre-techno, en émotions, ces 26 morceaux sans âge sont une mine de plaisirs divers. Pour les autres, il sera toujours intéressant de découvrir d’où vient le duo : d’un temps où les morceaux, moins complexes, mois aseptisés, étaient plus efficaces…