On est toujours un peu déçu par un disque dont on attendait beaucoup. Trop ? Le premier album de Rupert Parkes, jeune samouraï de la drum and bass, est très bon mais peut-être pas aussi foudroyant que ses maxis (voir l’incroyable Ni-Ten-Ichi-Ryu). On retrouve d’ailleurs sur le disque Hidden Camera et The Fifth Column. Restent huit nouveaux morceaux qui ne livrent pas tous leurs charmes à la première écoute. Le secret est là : Modus Operandi, derrière son apparent minimalisme, dissimule des ambiances qui ne se révèlent que sournoisement. Et le disque s’installe. Froide, tranchante, implacable, la musique de Photek est aussi terriblement neuve et seule. Comme il le dit lui-même, « l’absence de feeling devient en quelque sorte le feeling » (The Wire n°159). Une jungle souterraine se développe sous la ville. Climats urbains (sur certains titres, l’influence de Détroit est flagrante, on pense à Cybotron/Juan Atkins), cliquetis des machines et des armes, que sont devenus les chauds breakbeats de la surface ? Photek compose comme on assassine de sang-froid et signe l’arrêt de mort d’un genre (la jungle) qui, depuis les exactions de Squarepusher ou d’Alec Empire, est condamné à évoluer. Tremblez, suiveurs, Zorro est arrivé !

Nicolas Schöener