Si on ne sait pas de quoi il renaît, on voit quand même d’où il vient. Phoenix, dernier avatar de la French Touch, 25 ans environ, arrive évidemment précédé d’une rumeur d’excellence, qu’on va vite dégonfler (et non pas démentir, nuance) car ça ne leur rendra pas service. Produit par Zdar (Cassius), ses intentions sont claires : « la recherche d’un son chaud des productions classiques américaines, mais associé à la dynamique du hip-hop et de la house ». Si, sur le papier, c’est prétentieux, l’écoute se passe plutôt bien.

United fait certainement référence aux bons vieux albums de « Fonk » (Parliament, and Co). C’est en tout cas l’esprit du groupe (proche de Gopher dans le packaging), et cette attitude clean n’est pas de trop dans une collection de morceaux enchanteurs. Le son est effectivement savamment daté et peut-être trop référencé : ici, Kool and the Gang sur If I even feel better, là, Van Halen, période Jump (la plus pourrie d’entre toutes, il faut bien le dire). Mais qu’attendre musicalement d’enfants des années 80 ? Phoenix à son tour recycle ou plutôt transmet naturellement tout un héritage, surtout FM, des radios libres. On songe forcément à Air qu’il a d’ailleurs côtoyé, passé par là avant et avec les mêmes motifs. C’est notre histoire musicale, qu’on l’ait subie ou non, et forcément on s’en sent proche. Car loin d’être un faiseur, même s’il est un passeur, Phoenix dispose d’un arsenal mélodique et d’un panel de sons assez divertissants, dont une poignée de chansons chewing-gum collantes, mouillées, difficiles à s’en défaire (Too young). Et d’autres un peu plus complexes et intrigantes (comme Funky square danse, épopée symphonique condensée).

On reprochera, à United, une charge un peu trop légère et un esprit démonstratif inutile. Mais gageons que si l’avenir est clément, Phoenix, qui semble cacher beaucoup de ruse dans sa besace, aura quelque chose à dire. Grâce, notamment, à un chanteur qui possède un sens du groove à la dramaturgie rare dans nos contrées pop (cf. Honeymoon). Et pour l’instant, on considérera que c’est le plus malin des albums (satoriques ?) français de l’année, de par sa diversité kaléidoscopique (comme seule notre culture métissée sait les cuisiner)… Etonnant.