Toujours vivant le Perry Blake ? Sans doute et grand bien lui en fasse car il a eu à affronter les pourris du music business. Ceux-là mêmes qui criaient au génie il y a à peine un an et demi ! Et oui, Perry Blake s’est fait vidé de Polydor, ce label Univers sale pour une sombre histoire de faibles ventes de son éponyme album. Ils ont été nombreux ceux à qui la mésaventure est arrivée cette année, le plus célèbre étant le grand Tricky (par Island, un label… Univers sale !). D’ailleurs, Perry Blake a su tirer un trait sur ce passé. Il est chez Naïve aujourd’hui (chapeau à l’équipe qui a organisé la sortie de cet album en moins d’un mois et demi !) et dit s’y sentir très bien « parce qu’ils me laissent faire à ma guise sans interférer » (sic). Voilà qui est dit ! Il a aussi quitté Londres pour se ressourcer sur sa terre natale d’Irlande. Tout semble bien aller donc dans le monde fiévreux de Perry Blake.

Still life nous l’indique d’ailleurs parfaitement. Trop parfait, diraient certains… Sans doute, oui. Still Life n’a pas (plus ?) la propension à plonger l’auditeur dans une torpeur moite et profonde, mélancolique jusqu’au bord du gouffre, suicidaire avec quelques éclairs de lumière. En fait, si Perry Blake conserve la teneur du propos qu’il a développé dans son premier album (les sons organiques de Sandriam, la voix de tête de Stop breathing), il semble aussi plus serein ici, même s’il est toujours troublé (et troublant : This time its goodbye, No lullabies). La musique est plus lumineuse (le très seventies If I let you in). Attention, on n’est quand même pas chez Village People, Abba ou… Beck ! Moins sombre, elle gagne en finesse. Les arrangements des cordes du quatuor et du piano de Perry se fondent les unes dans les autres au gré des sons organiques qui servent de trame à ses pièces musicales.

Pourtant, moins de machines et plus d’instruments acoustiques le rapprochent de la masse alors qu’il avait su se créer un univers bien à lui. Depuis Nick Drake (toujours une influence majeure de l’Irlandais), nous avons récemment rencontré Ben & Jason. Perry Blake fait donc la jonction entre les deux. Sa musique s’ouvre (War in France avec notre Françoise Hardy aux chœurs !) avec parcimonie, avec retenue, une retenue que Perry Blake maîtrise parfaitement. Il se livre, mais juste ce qu’il faut. Peut-être pensait-il avoir trop dévoilé ses tourments dans Perry Blake l’album ? Toujours est-il que si ce nouvel album est sans doute moins surprenant et prenant que le précédent, il s’écoute sans la boîte de mouchoirs à portée de main. Une sorte de rédemption de fin de siècle qu’on a bien méritée.