Diantre ! Fichtre ! Palsambleu ! Mais c’est que Pascal Comelade s’est mis à l’électricité et à l’animation de bals des pompiers !
– Que tu crois, vieux, à l’écoute des deux premiers morceaux de son nouvel album. A cause de l’orgue et de la basse de L’Argot du bruit et de la guitare deVia-Crusis del rocanrol. Puis arrive Jean-Hervé Peron avec son Sad skinhead (un titre qu’il avait composé du temps de Faust) et P.J. Harvey et le superbe Love Too Soon (un des plus beaux morceaux qu’elle ait jamais chanté, où sa voix mélange pêle-mêle les intonations de Chrissie Hynde, la puissance lyrique de Patti Smith et la tessiture étendue de Heather Nova sur son nouvel album, Siren), et c’est le retour au tout acoustique.

Enfin reviennent les sonorités qui nous avaient tant plu chez Pascal Comelade : piano sous toutes ses formes (électrique, droit, toy), accordéons, violon, « grande variété de guitares » (ritmo, plastic, prolétarienne [sic]), percussions en tout genre, cuivres en plastique [re-sic] ou authentique sax, tuba, trompette… Vous trouverez tout ça au choix, au rayon enfant ou chez un distributeur agréé par l’Académie (« nationale, Madame ! ») d’instruments de musique !

Trêve de billevesées, et la musique ? Et bien, si nous connaissions quelques mélodies que le musicien nous avait déjà dévoilées sous une autre forme d’accompagnement comme Sardana dels desemparats sur Traffic d’abstractions (1993), ou Toti al Soler (par ailleurs ici complètement revu et corrigé avec Toti Soler lui-même aux guitares hispaniques) sur El cabaret galactic (1995), nous découvrons avec cet album une facette du Basque certes pas nouvelle, mais qui prend ici de l’importance : son goût pour les voix. Et oui, pas moins de quatre titres chantés (par Polly Jean Harvey donc, par Gérard Jacquet et un poème de Marc Fourquet) et puis, surtout, le musicien des jouets s’ouvre à de nouvelles sonorités. Il renouvelle son orchestre pour Liliputiens. On aurait eu tort de penser que Comelade allait s’enfermer dans un style à tout jamais. Ici, foin des seuls instruments cités plus haut ; la musique garde ses caractéristiques tout en laissant les sonorités espagnoles (de Catalogne en l’occurence avec Gérard Jacquet et Toti Soler) passer la frontière et s’installer au milieu des claviers miniatures. Et quelle bonheur pour les oreilles ! Espérons que Pascal Comelade fasse un tour des musiques traditionnelles du monde ; la richesse de la sienne est loin d’être tarie.