Considéré comme l’une des révélations de ce premier semestre 99 en matière de fusion française, cet album a failli succomber à un double handicap de départ. Prétendant à une certaine modernité, il s’immisçait insidieusement dans l’un des péchés mignons de la culture mondialisante actuelle : marier les musiques électroniques du Nord avec les sons supposés plus roots du Sud pour mieux abattre les frontières entre les peuples. Prenant le pari de balancer sur les pistes un groove à la fois chaud et futuriste, il s’inscrivait dans l’axe vendeur du Paris-La Havane, un aller-retour à la mode ces derniers temps. Fort heureusement, ses concepteurs surent éviter le pire. Tom Darnal (ex-Mano Negra) au clavier et Barbaro Tentor (un as du groupe Sierra Maestra) à la trompette ont su créer des synergies autour d’une expérience musicale, qui tente un mix énergique entre des sons cubains, de l’electro-funk, de la jungle, du reggae…

Voix, percussions, cuivres, cordes et samples. Plus de trois ans de recherche assidue. Un groupe traditionnel (Ire Ire) est venu renforcer la volonté du début des deux lascars. Quelques invités de renom, dont Merceditas Valdès de l’Orquesta Aragon (au violon) ont salué le projet. Plus de trente musiciens, chanteurs, choristes, danseuses, Dj’s et autres groupes réunis en collectif pour l’occasion (P18 représente leur repaire dans le 18e arrondissement, à Paris). Une autre vision du Cuba urbain qui se dessine… et qui prolonge à coup sûr un autre opus du collectif P18, Rumours of war, sorti sous label basque en août 98 (distribution assurée par Mélodie). Un album qui était plus marqué par la drum’n’bass et qui sortait du lot à coups de slogans politiquement incorrects. Urban cuban, de ce côté-là, pêche un peu : paresse en matière de discours engagé ou volonté de paraître plus festif ? Il semble que la deuxième tendance l’emporte…