On a cru comprendre qu’Oslo Telescopic était un groupe français. On n’en saura pas beaucoup plus, les membres d’OT refusant obstinément -si tant est que ce soit vraiment un groupe- de fournir le moindre indice quant à leur identité ; pour ce qui est de se répandre en interviews, on repassera aussi. Cette attitude de départ peut paraître un peu puérile -le genre, « on s’efface derrière la musique », ou bien alors « on va faire causer de nous en faisant les mystérieux »-, elle l’est en effet. Les Residents, au moins, avaient eu l’élégance de développer tout un concept philosophico-vestimentaire qui prêtait à sourire -bon d’accord, c’était intrigant aussi. En tout cas, et ça, l’entité Oslo Telescopic devait le savoir, ce postulat ne poussait pas l’auditeur -le chroniqueur encore moins !- à la clémence, à la mansuétude. Car Third, le premier album d’Oslo Telescopic, qui clame bien entendu en sortir deux autres d’ici la fin de l’année -un concept à la Star wars, style, « j’ai commencé par la fin mais bientôt, je raconte le début » ? Remarquez aussi, un album plus deux albums, ça s’appelle une trilogie, d’autant que les pochettes devraient se répondre, voire se compléter….- n’est pas l’ovni auquel on voudrait nous faire croire. Juste un album bricolo pas très maîtrisé, avec un premier titre, K. Hs. W., à la Mano Negra version cybernétique déglingue, je dirais plutôt cyberné-toc.

Dans la plupart des morceaux -dont Raw, l’un des morceaux acceptables, car il ne va pas chercher plus loin sans rien trouver, le piano tient semble-t-il une place importante, mais est-il là pour une autre raison que celle, éventuellement, de nous intriguer, et donnant un aspect roots respectable. Les morceaux, on les cherche encore : pas de structures ou peu s’en faut -il ne suffit pas de juxtaposer des tas d’instruments, dont des guitares désaccordées en contre-champ (façon Little Rabbits), de planter deux samples ou de trafiquer les voix pour pondre un chef-d’œuvre. Au résultat, on se retrouve avec quinze titres qui ne disent rien du tout, même pas beaux, même pas mystérieux, juste agaçants. Conclusion : moins de morgue, plus de boulot. On attend de pied ferme les opus suivants, prêt, bien sûr, à applaudir si le miracle se réalisait.