Un écran de fer se lève, des pas s’enfoncent dans un bitume citadin, des notes de piano tintinnabulantes s’enfouissent progressivement dans une alvéole musical béante… Quelques sonorités bizarroïdes viennent ensuite perturber ce semblant de calme, et l’espace d’Osaka Bondage fourmille soudain de rythmiques sauvageonnes. Le mesmérisme envoûtant de cette formation française étonne dès la première écoute. Alors que le premier album, Volume 2, poinçonnait des voies electro pondérées, dont l’univers léché fourmillait d’obscurs mouvements lancinants ((les ventres noirs annonçaient peut-être quelque chose ?), leur deuxième opus prend un virage rock des plus délectables. L’arrivée des trublions Hugues Vilette (My Own) et Olivier Manchion (Ulan Bator) n’y est sûrement pas étrangère.

Il y a quelque chose d’étrange dans cet album verdâtre… Plus on écoute les nouveaux désordres sonores d’Osaka Bondage, plus on éprouve le besoin de les écouter encore, et plus on les interprète, plus on est pris du besoin de les écouter. Cet album ne cesse de ramener à ce que l’on perçoit en l’écoutant. Mais plus on s’en approche, plus il se dérobe sous nos tympans, et plus on est tenté de s’en approcher encore. On ne cesse de saisir, de définir ce qu’on entend et pourtant, sans cesse, quelque chose s’échappe, dont on ne peut vraiment discourir, et qu’on voudrait pourtant écrire. Tout se passe ici comme si Volume 3 échappait aux sonorités qui le contiennent. La musique énergétique de l’artiste parle ici avec une telle force qu’on voudrait vraiment lui arracher ce qu’elle dit, mais tout se déroule en son sein, au sein d’un post-rock fantasmatique, bercé par une electro d’aliénés. La folie est bien un des éléments de cette galette démente. Mais il s’agit ici d’une folie eurythmique et hagarde, qui se rapproche du cerveau, comme un acide bien dosé, saturé d’ingrédients impalpables.

Alors que dire de plus, si ce n’est que le titre Another zmrzlina est d’une beauté lynchienne troublante, que la batterie se heurte ici à un instrument à vent qui s’emballe, que la basse est un miel rare qui parsème tout ce qui bouge, que les machines nous bouffent les oreilles, et que c’est bon, vraiment bon. Un voyage ahurissant.