Trois compositeurs nés autour de 1930 : un Polonais, un Japonais et un Finlandais. Trois compositeurs considérables qui n’ont pas peur de la modernité. Plus que l’utilisation d’un vocabulaire contemporain, c’est le goût de l’indépendance qui les rapproche. Trois musiciens intègres qui n’hésitent pas à aller contre les modes, et à écrire des concertos pour flûte et orchestre, surtout en vogue au XVIIIe siècle.
Le finlandais Aulis Sallinen, à la fois chef d’orchestre et professeur, est une personnalité importante de la vie musicale européenne. Depuis son opéra Savolinna composé en anglais (1987), sa réputation a dépassé les limites de son pays. Le concerto Harlekiini pour flûte et orchestre est une musique sensible, émouvante. Elle n’a pas peur des lignes mélodiques, et de jouer sur les effets dramatiques ou rythmiques. Quitte à rester conventionnelle dans sa forme. Presque de la musique française de l’entre-deux-guerres !

Töru Takemitsu est le plus grand compositeur japonais. Plus encore que Taïra en France, sa vie aux quatre coins du monde lui a permis de tracer un lien entre les cultures orientales et occidentales. Parce qu’il a accompagné les images de Kurosawa (Ran) et de beaucoup de réalisateurs japonais (près de 90 films), sa popularité dépasse largement le cercle restreint et souvent élitiste de la musique contemporaine. Sa musique n’a pourtant rien d’intellectuel et se veut l’héritière des compositeurs français (Ravel, Debussy) et de John Cage. Takemitsu nous a quittés en 1995, et on ne finit pas de redécouvrir en Europe comme aux USA l’évidence de son œuvre.

Enfin, Krysztof Penderecki, est (depuis la mort de Lutowslawki) une star en Pologne. Terminé en 1992, son concerto pour flûte et orchestre de chambre va beaucoup moins loin que le reste de son catalogue. Sa musique ne fait habituellement pas de distinction entre consonances et dissonances. Il s’applique à mélanger oscillations sinusoïdales, frottements et claquements des instruments. Les percussions ont un rôle primordial et la flûte de Petri Alanko a fort à faire.
Le jeune flûtiste finlandais sert dans l’ensemble parfaitement ce répertoire. Il prend de grands risques et le chef Okko Kamu, fervent défenseur de la musique d’aujourd’hui, soutient à bout de bras son soliste. On est heureux de voir un label international (Naxos) éditer un programme aussi exigeant et permettre à ce jeune flûtiste de se hisser à la hauteur de Patrick Gallois ou de Jean-Pierre Rampal.