Première constatation à l’écoute de l’Oasis nouveau, passé le déjà connu D’you know what I mean, avec My big mouth : pour ce qui est du son, c’est du brutal. La Brit Pop se mange un lifting facial au carsher. Certes, on reconnaît bien la patte de Noel Gallagher, mais pour le coup, les potards sont dans le rouge, les basses ronflent comme des moteurs Boeing, les guitares déchiquettent à belles dents, les peaux des fûts, las d’être brutalisés, implorent qu’on les achève. Magic Pie, bien que très rock encore, nous offre une petite ballade hallucinogène et donne l’occasion à Noel de pousser la chansonnette. Est-ce l’arbre anglais qui cache la forêt américaine ? Pas tout à fait, puisque survient Stand by me, au titre pas tout à fait anodin, taillé sur mesure pour tracer la route dans les charts US. Le refrain addictif a tout de l’hymne fédérateur, vieille scie qui plaît toujours autant à nos amis outre-Atlantique, et le tout contient ce qu’il faut de Marshmallow cream pour ne pas déraper dans les virages. Une figure imposée ne laissant pas beaucoup de place aux petits coups de vices. Heureusement, I hope, I think, I know vient remettre les pendules à l’heure anglaise : sec sur l’os sans pour autant nier sa carrure de colosse, le brûlot, s’il peut se reprendre lui aussi à pleins poumons dans un stade, fait haleter plus qu’il ne s’essouffle. Confirmation sur The girl in the dirty shirt plus oasissien que le roi, dans un bon mid-tempo comme on les aime, avec les petits détails -choeurs sous-jacents et gimmick piano électrique- qui ne se copient pas. C’est une bonne rampe vers l’un des points forts de l’album, un Fade in-out quasi somptueux, où il se pourrait bien que l’ami Johnny Depp ait mis un petit coup de slide guitar. Don’t go away prolonge agréablement l’atmosphère, aux limites toutefois du pépère. On se dit « attention à la rechute », et on tombe nez à nez avec Be here now, entraînant comme pas un, à peine dégrossi mais à gueuler en pleine rue. C’est pour mieux masquer la vraie surprise de cet album : All around the world. Cette petite symphonie patchwork, divinement encadrée par ses cordes et ses cuivres, joue sur la longueur sans langueurs, et c’est du bonheur pour les oreilles. It’s gettin’ better (man), c’est vrai, et c’est une bonne occasion de violenter les guitares, qui, bonnes poires, répondent à l’appel sans rechigner. Un petit rappel de All around the world dégraissé pour la route, et on se dit que pour ce qui est de tailler un costard aux frères Gallagher, suspects de vouloir tendre une main peu sincère à l’ami américain, c’est encore râpé