Septembre résonne comme une insulte et sonne le glas d’illusoires et payantes évasions. Mois traumatisant depuis l’enfance, il est synonyme de rentrée des classes, d’impôts sur le revenu, de retour au bureau. A l’extrême rigueur, on se console avec le rythme plus soutenu des sorties littéraires et musicales. Avide de réconfort, l’homme moderne trouvera en Pink Renaissance le câlin idoine à son propos. Si un disque de NLF3 est la garantie d’un cinéma pour l’oreille, le dernier-né ne fait pas exception : le trio (Nicolas Laureau, Fabrice Laureau, Mitch Pires) est une valeur sûre et comble tous ceux qui attendent avec confiance chacune de leurs créations. Pink Renaissance (dé)couvre de nouveaux horizons tout en restant fidèle à un savoir-faire et à des sonorités électroniques et organiques chères à un public fidèle.

Le parcours de NLF3 est marqué par une relation étroite entre la musique et l’image. Si chaque morceau de ces bons génies est éminemment valable en tant que tel, les ambitieux ont depuis dix ans multiplié les expériences, de ciné-concerts en performances (créations sur le Que Viva México ! d’Eisenstein, Die Abenteuer des Prinzen Achmed de Lotte Reiniger, ou Le Golem de Paul Wegener, entre autres) avec tant de bonheur que l’on fantasmerait de les voir s’attaquer à Georges Méliès.

Ces heureuses initiatives correspondent à l’univers esthétique du groupe, entre accès psychédéliques et musique de film. Les escapades en solitaire des membres de NLF3 vers d’autres projets de qualité (Don Niño, F/LOR, We:Mantra, Mimo The Maker) peuvent être considérées comme autant d’expériences qui contribuent à enrichir le champ des possibles du groupe.

Pink Renaissance célèbre des retrouvailles attendues, car NLF3 fait partie de ces groupes dont on attend avec impatience les apparitions et les sorties, avec l’assurance d’être pleinement satisfait. Leurs disques sont la bande-son de films dont on se rêve le héros, transforment les tribulations inter-départementales de fonctionnaires débonnaires, quand la dernière aventure est d’assister au lever du soleil à bord d’un train Corail, en épopées kaléidoscopiques. Des paysages mornes prennent enfin un sens, parés de ces mélodies chamarrées. La Renaissance comme changements de représentation du monde, en somme.

Les neuf morceaux de Pink Renaissance forment un ennéagone brillant, animé de rythmiques foudroyantes (le morceau éponyme) ou yorubesques (« Kalimba Song »). Chaque note de basse est une friandise : peu de groupes emploient avec autant de brio cet instrument, d’une rondeur veloutée à chacune de ses apparitions. Le chemin est parsemé de teintes exotiques ou de nuances majestueuses (« Chromatic » et l’himalayen « Rise »). Les marques psychédéliques d’« Asvattha » et les envolées mélancoliques de « Rosen », qui clôt le disque, achèvent de convaincre que Pink Renaissance n’est pas seulement un des albums majeurs de la rentrée, mais une œuvre destinée à occuper une place de choix, à rester. Tour à tour spectaculaire, intime, dansant, à l’image du fascinant et expressif « Three Dances », premier morceau choisi pour être mis en avant, l’ensemble impose ce constat : le trio surprend, comme toujours. NLF3 est de retour, la morosité peut disparaître. Septembre est vaincu, on attend octobre de pied ferme.

 

Rendez-vous au Point Ephémère jeudi 25 septembre à 20h pour fêter la sortie de l’album ! Plus d’infos sur le Facebook de l’événement.