L’Orchestre Philharmonique de New York est sans doute l’une des formations les plus prestigieuses au monde. A qui peuvent se comparer les musiciens qui le composent ? A ceux des Philharmoniques de Berlin et de Vienne. Mais à qui d’autres ? Une histoire où les noms de Gustav Mahler, Leonard Bernstein ou Pierre Boulez, pour les directeurs musicaux, côtoient ceux de Sergei Rachmaninoff, Béla Bartók ou Arnold Schoenberg pour les compositeurs invités à y créer leurs œuvres.
Les interprètes, solistes réunis dans cette collection de 12 CD, sont des musiciens du rang. Ainsi, depuis dix, vingt voire cinquante ans (pour le clarinettiste Stanley Drucker), ils jouent le répertoire pour orchestre guidé par un chef. Travail strictement anonyme, souvent ingrat, parfois décevant pour ceux qui, étudiants, rêvaient de devenir des stars.

Les moyens d’enregistrement qui leur sont offerts aujourd’hui sont considérables, et chaque musicien, en soliste, impose son répertoire de prédilection. Aux côtés de Lorne Munroe (violoncelle) ou de Glenn Dicterow (violon, le Concertmaster), qui n’ont jamais cessé de faire une carrière brillante de soliste, quel plaisir d’aller à la découverte d’un répertoire original pour trombone, contrebasse ou cor anglais solo. De véritables bijoux sont gravés sur ces disques. Telle la Valse miniature de Koussevitsky pour contrebasse et piano (Eugene Levinson, à la justesse et au charme impressionnants) ou une Sonate pour trombone d’un certain Ewazen (Joseph Alessi, digne représentant de l’école de cuivre américaine, tout en virtuosité).

Laissez vous bercer par la romance de la Sonate pour clarinette de Poulenc (Stanley Drucker, un des clarinettistes les plus proches de l’esprit de cette sonate, d’ailleurs créée en son temps par Benny Goodman à New York). En évitant d’aborder le grand répertoire over enregistré par des solistes plus célèbres, cette bande de musiciens d’orchestre rendent justice à des œuvres, la plupart américaines. Ils découvrent, partagent leur plaisir et annulent l’image quelque peu condescendante que beaucoup de mélomanes se font de ces musiciens. On aimerait bien que d’autres solistes célèbres jouent avec autant de liberté.